Le développement économique du Qatar passe par le secteur privé

L’indépendance économique par rapport au secteur gazier et pétrolier est une nécessité pour le Qatar. Les grands travaux d’infrastructures profitent aux entreprises étrangères et à quelques individus au lieu de renforcer durablement le secteur privé. L’absence de moyens de régulation est inquiétante pour l’avenir.

Le paquebot Qatar souffre

L’époque ou le Qatar avait une croissance à deux chiffres est révolue. Si en 2011 la croissance fut de 17,4 en 2012 elle  a atteint 6,1. Pour 2013 et 2014 elle sera aux alentours de 5 % par an. L’économie Qatarienne est encore trop dépendante des secteurs gazier, pétrolier et dérivés. Or pour garder un taux de croissance de l’ordre de 5 % et plus il faut impérativement que des secteurs industriels, bâtiment et travaux publics, services, luxe et autres prennent une place plus importante.

L’effet Coupe du Monde de 2022 qui devait emballer le pays est sans doute une grosse erreur de communication tant on mise sur lui. Or l’essentiel des travaux en dehors des stades doit de toute façon être fait pour mettre le Qatar au niveau de son classement international. La Coupe du monde a vampirisé la communication cachant le travail considérable qui reste à faire pour développer la notion d’intérêt général et en plus, d’intérêts particuliers. Le patriotisme économique dans un pays comme le Qatar doit être l’élément fédérateur puisque il y a une part non négligeable qui est distribuée aux autochtones. « Si tu es dans le besoin l’état-nation viendra à ton secours » telle est la vision actuelle de ce qui peut être considéré comme une originalité rare en matière économique dans le monde à un tel niveau de redistribution.

 

Une image de marque qui se dégrade

Les aventures internationales bien au-delà du nécessaire, une gestion des ressources humaines moyenâgeuse et dangereuse, un manque de réflexion sur l’évolution urgentissime de la population en nombre, un manque de stratégie évident sur la motivation de la nouvelle classe d’âge 16 – 25 ans, l’incapacité à régler des cas particuliers, l’étalage des richesses d’une manière enfantine…Tout cela conduit globalement a un phénomène de rejet qui risque de se développer de plus en plus. Il y a tant de vraies valeurs dans ce pays mais aussi tant de maladresses qu’inexorablement l’image se dégrade. Comment on peut tant aimer son pays et lui faire autant de mal !

 

Le qataris ont besoin d’un projet et non d’un rêve

Pour être un observateur attentif du Qatar, j’ai remarqué que la planification via Vision 2 030 avait ses limites. Avec Vision 2 030 on constate que le paquebot s’enfonce on rectifie mais sans aller au fond. On travaille à la soviétique.

Trois indicateurs importants viennent de passer à l’orange, la population, le logement et les expatriés sans qu’aucun de ces problèmes soient sérieusement traité. On colle des rustines sans chercher la crevaison.

Pour flatter les dirigeants on se félicite de quelques bons résultats et classements sans regarder sérieusement le long terme. C’est la que je sens un manque de patriotisme économique en osant affronter les problèmes qui feront l’avenir du Qatar. On dirait que toutes ces officines qui travaillent pour le Qatar n’osent  plus affronter les quelques maîtres du Qatar. Les conclusions sur les lois concernant le travail, les conditions de travail et le « sponsorship » qui mènent le Qatar droit dans le mur est un exemple criant. Plus aucun moyen de régulation politique n’est à venir. On pratique la fuite en avant, on rêve, on soigne son égo comme la Coupe du monde mais tout cela ne fait pas un projet réel.

Est-ce trop tard ? Non ! L’émir Tamim à la capacité et la formation nécessaire pour faire un peu de « collaboratif » et ne pas oublier le maître mot de son discours initial « la modestie » qui est une force et non une faiblesse comme il l’a si bien dit.