Un ou des Islams de France

Manuel Valls à la Mosquée de Strasbourg

Peu importe si les élections ont lieu le 23 juin 2013 ou pas, la confusion la plus totale règne dans la désignation des dirigeants du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman.) après la démission de Mohammed Moussaoui.

Mohammed Moussaoui, se démet pour essayer de rassembler

Le second mandat de Mohammed Moussaoui (proche du Maroc) en tant que président à la tête du CFCM devait courir jusqu’en 2014. Il avait succédé à Dalil Boubakeur (proche de l’Algérie).  Il s’est démis de ses fonctions pour ramener dans le CFCM ceux qui s’étaient éloignés comme : des mosquées proches de l’Algérie et l’UOIF, branche française proche des Frères musulmans. Il voulait rassembler tout l’islam de France.  Un accord est intervenu prévoyant : une participation  à une direction collégiale, réduisant les pouvoirs du vainqueur des élections en augmentant la part des membres « nommés » au conseil d’administration et une présidence tournante. Apparemment cela semblait un bon accord. Cela devient urgent de donner une autre image de l’islam Mohammed Moussaoui avait lu le sondage de fin janvier 2013 sur l’islam où on apprend que 74% des Français jugent cette religion « intolérante ».

 

Un accord éphémère

A la veille du 8 juin première étape des élections régionales qui doivent désigner 45 membres soit la moitié du Conseil d’administration, l’UOIF a décidé de ne pas participer aux votes sur le prétexte que leur demande d’accéder à la première présidence n’avait pas été prise en compte. Mais ce qui a le plus mis le feu aux poudres, c’est l’annonce que cette présidence revenait à Dalil Boubakeur. Je comprends mieux certains tweets « Non il ne revient pas, pas lui… » Certains observateurs pensent qu’au vu des résultats régionaux l’UOIF n’ayant pas fait la percée escomptée et n’ayant pas eu la présidence, repartirait dans l’autonomie. L’Algérie à l’annonce du refus de postuler à la présidence de Dalil Boubakeur, celui-ci étant minoritaire et créant la polémique, a proposé un nouveau candidat Chems-Eddine Hafiz, 58 ans, avocat défenseur du dossier Polissario. Il est impossible d’imaginer que les Algériens ne connaissaient pas la conséquence de la désignation de Chems-Eddine Hafiz. La réaction a été immédiate, refus par la tendance marocaine de cette candidature. Devant un tel bazar « certains » parlent de reporter les élections du dimanche 23 juin 2013. Et d’autres du retour possible de Mohammed Moussaoui.

 

Et les autorités françaises actuelles que pensent-elles de cette situation ?

Contrairement aux années précédentes, le gouvernement français s’est désengagé des discussions. Il « observe » et « prend acte », souhaitant que les musulmans se dotent, comme les autres croyants, de représentants crédibles. Mais les querelles internes sapent une nouvelle fois ce jeune édifice voulu par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Il visait à donner à la seconde religion de France une représentativité éloignée des extrêmes et des influences étrangères. La réalité de « l’islam de France » a évolué avec l’arrivée dans les mosquées de jeunes de deuxième et troisième générations et des convertis. Faute de vision commune et d’une réelle volonté de former de nouveaux cadres, le CFCM n’a pas suivi. Résultat,  l’implication et le financement des pays d’origine demeurent incontournables aussi bien pour la construction des mosquées que pour le paiement des salaires des imams. Mais cela est une autre histoire que nous aborderons prochainement.

Sources : Le Monde, Libérations, Le Figaro, La Croix…