Etats généraux de l’Industrie, 2010

Dans un contexte d’augmentation lente de la population active (+ 6%), la population active industrielle a diminué en France d’environ 500.000 emplois (-13%) depuis 2000 passant de 3,862 millions à 3,360 millions. La part de l’industrie dans la population active est passée de 16 % en 2000 à 13 % en 2008.

Février 2010, rapport final

L’essor économique de la France à partir de l’après-guerre a largement reposé sur le développement industriel. Pourtant, avec l’apparition du phénomène du chômage à la fin des années 70, après le premier choc pétrolier, surviennent les premiers questionnements sur la viabilité du modèle industriel, d’abord surtout dans sa dimension économique puis peu à peu également dans sa dimension environnementale. Les restructurations conduites à partir de ce moment, particulièrement dans le secteur primaire et dans celui des biens intermédiaires, ont renvoyé à l’opinion publique une image dégradée de l’industrie dans son ensemble.

L’industrie perd alors en attractivité mais surtout peu à peu, corrélativement, elle perd le statut d’enjeu national majeur qu’elle avait réussi à conquérir dans l’après-guerre. L’industrie française a certes continué à s’adapter aux évolutions du monde économique découlant de la mondialisation, avec des succès remarquables dans certains secteurs d’activité, mais sa capacité globale s’en est trouvée amoindrie alors que la priorité était donnée en France, comme dans d’autres pays développés, aux secteurs des services et de la finance, considérés comme davantage porteurs de valeur ajoutée par agent, plus sûrs et plus rémunérateurs et que l’ouverture massive du commerce mondial, favorisée par la standardisation et la baisse du coût de transport, permettait à certains pays émergents de devenir des champions industriels.

Pourtant, en réalisant encore directement 16 % de la valeur ajoutée nationale et en employant directement 13 % de la population active du pays, sans même tenir compte de la valeur ajoutée et des emplois indirects produits par les services à l’industrie, la France reste un grand pays industriel et l’industrie demeure un secteur clé et particulièrement structurant de l’économie nationale. Son impact est particulièrement fort en termes de recherche développement puisque près de 85 % des dépenses de R&D des entreprises françaises sont réalisées dans l’industrie. Avec l’avenir de l’industrie se joue donc une part importante de l’avenir de l’emploi dans les territoires de France et de la valeur ajoutée nationale mais encore davantage celui de la capacité d’innovation du pays.

La crise économique et financière de 2008 a révélé les limites d’un modèle de développement économique en partie déconnecté de l’économie réelle et fait ressortir a contrario la solidité relative des écosystèmes constitués à la charnière innovation-production-services.

Avec cette prise de conscience, une opportunité sans précédent est ouverte pour engager la mobilisation de tous les acteurs dans la construction collective des bases qui permettront à l’industrie de retrouver la place centrale qui doit à nouveau être la sienne dans l’économie du pays. Tel est l’objet des Etats généraux de l’industrie.

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