Charte des travailleurs au Qatar pas suffisant

CSI actions

L’annonce de la création de la charte des droits des travailleurs migrants a été effectuée. Lorsque lundi nous disions « dans quelle galère s’est fourrée IOSH »,   nous sentions que l’affaire de la sécurité et santé au travail pour les salariés travaillants au Qatar était des plus complexe.

Une charte des droits des travailleurs migrants est créée au Qatar

L’annonce de la création de la charte des droits des travailleurs migrants a été effectuée. Ceci à l’issue de la conférence entre  l’Institut de la santé et sécurité au travail (IOSH),  les autorités du ministère du travail et plusieurs autres ministères et  des responsables du comité de l’organisation de la coupe du monde de football. L’annonce a été faite par M. Dario Cadavid haut responsable de l’organisation de la coupe du monde, il déclarait en préambule « la sécurité des travailleurs est d’une importance primordiale».

Compte tenu du nombre actuel de travailleurs migrants au Qatar, prés de  1,6 millions et du million qui doit arriver, le Qatar ne peut échapper à cette nécessité « protéger les expatriés et leur assurer une sécurité et une santé au travail de haut niveau. » Or, comme le disait Hussein Al Mulla, sous-secrétaire d’Etat au Travail « Il y a sept ou huit ans, nous n’avions aucune législation du travail, nous sommes conscients que ce droit doit s’améliorer, mais il nous faut du temps. »

Le syndicalisme international pense que la charte ne peut suffire

La Confédération syndicale internationale (CSI) a déclaré qu’elle  était «très déçue de cette annonce », sa représentante Sharan Burrow a indiqué «  la charte ne va pas aider les travailleurs migrants. » Mme Burrow explique ne pas avoir été associée au nom du syndicat international  à aucun moment du processus de discussion de la charte. Les travailleurs vont découvrir ce document sans y avoir participé. Sharan Burrow de la CSI avait à plusieurs reprises signalé des failles dans la législation du travail au Qatar, qui créent  «des conditions d’esclavage au 21e siècle ». Elle a ajouté: «La réforme du droit du travail qatari aux normes internationales est le seul moyen de donner aux travailleurs au Qatar leurs droits. »

La mentalité de prise de décision doit évoluer

Les autorités du Qatar ont l’habitude de prendre seules leurs décisions, et en petit comité, ils se sont entourés certes d’une ONG comme IOSH, mais cela ne suffit pas. Les droits des travailleurs doivent être discutés avec des syndicats donc la CSI et l’OIT. La notion de débat démocratique n’est pas encore assez présente dans les discussions qui portent sur la sécurité et santé au travail. 2022 est loin encore mais la pression du syndicalisme international va s’accentuer car les travaux viennent de commencer.

L’Emir du Qatar ne peut pas perdre la face au niveau international, il doit faire évoluer la démocratie dans son pays. Cela passe par des syndicats libres qui seraient bien utiles aujourd’hui. Car l’expérience prouve que dans les pays où il n’y a pas de syndicats libres il n’y a pas les bases  de la démocratie.