Peut-on faire confiance aux dirigeants du Qatar ?

En 2018, le fait religieux au Qatar est toujours en filigrane derrière chaque action de ses dirigeants, enfouis dans un pragmatisme mise en exergue. L’affaire de la location d’un espace d’art à l’Hôtel de la Marine pourrait se retourner contre le Qatar.

La naïveté n’est pas permise envers ce pays.

Il y a deux pays au monde qui constitutionnellement sont wahhabites l’Arabie saoudite et le Qatar.
Le wahhabisme est un mouvement politico-religieux de l’islam sunnite né au XVIIIème dans la région du Nadjd, la partie centrale de l’Arabie saoudite actuelle. Fondé par le prédicateur Muhammad Ibn Abd al-Wahhab (1703 – 1792), le wahhabisme est un fondamentalisme qui prône un retour aux sources de l’islam (Coran et Hadith) et qui insiste avant tout sur l’unicité absolue de Dieu.

Depuis quelques décennies, le Qatar tout en prônant le wahhabisme utilise la Confrérie des Frères musulmans comme outil de conquête politique et territoriale. Si les « Printemps arabes » sont retombés comme des châteaux de cartes, en Tunisie l’esprit est toujours présent. Les Frères musulmans changeant d’approche, suite à l’échec égyptien, viennent de conquérir politiquement la Turquie, on peut parler ici de turco-islamisme, le principal allié du Qatar.

En septembre 2018, le fait religieux au Qatar est toujours en filigrane derrière chaque action de ses dirigeants, enfouis dans un pragmatisme mise en exergue. La naïveté n’est pas permise envers ce pays. Nous appelons depuis plusieurs années les autorités qatariennes à une évolution de leur constitution allant à terme vers la démocratie et une sécularisation puisqu’ils veulent échapper au wahhabisme saoudien.

Plusieurs personnalités qataries sont étonnées des propos entendus, alors qu’ils souhaitent « louer » un espace d’art, pour une très longue période à l’Hôtel de la Marine. Situé place de la Concorde, l’Hôtel de la Marine, prestigieux bâtiment du XVIIIe siècle, est actuellement fermé pour d’importants travaux et doit rouvrir en 2020. Le Qatar négocie un emplacement de 400 m² pour 20 ans au prix d’un million annuel, une vitrine pour exposer la collection de la famille régnante du Qatar, les al Thani. La période de 20 ans avec possibilité de renouvellement choque beaucoup de nos concitoyens.

Pour beaucoup de français, ces 400 m² s’ajoutant à la possession de près de 35 000 m² à Paris, sur les Champs Elysées et autour, dans un prestigieux emplacement comme l’Hôtel de la Marine, pourrait devenir la goutte d’eau qui fait déborder le vase.