Doha 5 septembre 2018, peines et espoir

Trop de gens souffrent encore au Qatar d’un simulacre de justice, mais il faut être capable de voir quelques rayons d’espoir au milieu des ténèbres, lorsqu’ils existent, faute de quoi on se transforme aussi, sans le vouloir, en bourreaux.

La plus haute forme de l’espérance, c’est le désespoir surmonté (Bernanos).

Cette citation de Bernanos aurait pu être citée par l’ex prisonnier du Qatar Jean Pierre Marongiu. Pour tenir presque 5 ans dans les geôles qatariennes, il lui a fallu surmonter son désespoir et puis un jour sans vraiment savoir pourquoi il a été libéré, par la grâce de l’émir du Qatar et par un coup de pouce d’un nouvel ambassadeur.

Trop de gens souffrent encore au Qatar d’un simulacre de justice, où le fait du Prince règne en maître. Que vous soyez qatari ou expatrié, la justice ne vous traite pas de la même manière, le premier est traité en être humain, le second souvent en sous-homme.

Pour autant, le Qatar jeune pays, accélère son évolution y compris en matière de droits du travail ou de droits de l’homme. L’affaire du boycott du Qatar par l’Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis et Egypte libère le Qatar d’un poids en matière judiciaire. Le Qatar peut faire évoluer sa règlementation, sans désormais se soucier de ses voisins.

En outre, le Qatar souhaitant s’insérer dans l’économie mondiale, pour sa survie, chemine vers les normes internationales qui sont loin d’être respectées dans certains pays très peuplés comme la Chine ou l’Inde.

Enfin, la fameuse Coupe du monde 2022 tant décriée parce qu’elle se tient au Qatar maintien une pression sur ce pays pour qu’il évolue plus vite qu’il n’avait prévu…

Ainsi la publication au journal officiel du Qatar de la loi du 4 septembre 2018 permettant à une grande majorité des travailleurs expatriés de quitter ce pays sans accord préalable est attendue avec le plus grand intérêt.

L’OIT, (Organisation Internationale du Travail) se félicite de cette avancée qui contribuera à mettre fin pour la plupart des travailleurs au Qatar à l’Exit Permit, soit l’obligation d’avoir l’accord de l’employeur et de l’administration pour quitter ce pays. L’OIT indique qu’un décret doit préciser, pour environ 5 % des travailleurs expatriés, l’obligation de disposer d’un accord avant tout départ du Qatar. En outre les employés de maison, non assujettis au code du travail ne sont pas couverts par la loi du 4 septembre 2018.

Il restera à faire appliquer la réglementation du non retenu du passeport faute de quoi tout cela sera un coup d’épée dans l’eau.

Trop de gens souffrent encore au Qatar d’un simulacre de justice, mais il faut être capable de voir quelques rayons d’espoir au milieu des ténèbres, lorsqu’ils existent, faute de quoi on se transforme aussi, sans le vouloir, en bourreaux.