Doha 16 août 2018, la mort frappe toujours au Qatar

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Un mort de plus officiellement annoncé au Qatar sur les travaux de la Coupe du monde 2022, combien d’autres ignorés ? Les conditions de travail au Qatar ne s’améliorent pas aussi vite malgré la présence d’un bureau de l’OIT à Doha.

Il y aura encore de nombreux morts d’expatriés au Qatar.

Un jeune Népalais vient de décéder au Qatar, il s’ajoute à la longue liste de ceux qui donnent leur vie pour gagner quelques dollars afin que la Coupe du monde 2022 puisse se tenir du 21 novembre au 18 décembre 2022. Il y a les morts annoncés officiellement, car directement liés à la construction des stades et ceux qui sont ignorés par tous, car ils ne sont pas sous les projecteurs des médias internationaux. Les conditions de travail au Qatar ne s’améliorent pas aussi vite malgré la présence d’un bureau de l’OIT à Doha.

D’aucuns annoncent la fin de la Kafala tous les six mois, alors que chacun sait au Qatar que l’état d’esprit des qataris n’a pas changé d’un pouce. La vision qu’ils ont de la population de bas niveau de qualification, souvent asiatique ou africaine, est très proche de l’esclavage qu’ils ont aboli au début des années 1950.

La population du Qatar qui dépasse à peine les 300 000 habitants, entourée d’environ 2,4 millions d’étrangers, ne permet pas d’atteindre les objectifs extraordinaires que les autorités du pays se sont imposés. Les qatariens dans l’ensemble travaillent peu, ils sont entourés de gestionnaires et managers qui font tourner le pays à leur place. Ce sont donc souvent des étrangers qui commandent directement tous ces expatriés et qui n’hésitent pas à en sacrifier quelques centaines par an pour atteindre leurs objectifs.

L’arrivée depuis fin 2017 de l’Organisation Internationale du Travail à Doha n’a pas une influence notable sur les conditions de travail de ces millions d’expatriés. Les qataris se contentent de donner des ordres mais ne changent pas les objectifs initiaux, rendant la tâche impossible pour les exécutants. En outre depuis le 5 juin 2017, tout s’est compliqué avec le boycott partiel du Qatar. Les matériaux pour construire les stades et infrastructures ont été acheminés par d’autres fournisseurs, à un prix souvent plus élevé. Là encore, le budget n’a pas évolué et les économies sont faites sur le nombre de travailleurs, détériorant leurs conditions de travail.

Dire que rien n’évolue au Qatar en matière de droits du travail serait erroné, mais on vient de si loin et les qataris sont si éloigné du monde qui les entoure, qu’il faudra très longtemps pour que concrètement les travailleurs de bas niveaux de qualification puissent espérer un avenir meilleur.

Il faut s’attendre encore à de nombreux morts au Qatar, quelques-uns annoncés officiellement mais le grand nombre cachés aux populations locales et à la planète entière. Il parait incompréhensible qu’une organisation comme l’OIT se soit fourrée dans cette galère alors qu’elle connait parfaitement les tenants et aboutissants.