Le soft power a atteint ses limites au Qatar

Il y a quelques années déjà que l’émir du Qatar et le commando qui l’entoure a compris que le « soft power » avait atteint ses limites. Il est passé désormais au stade de « pour vivre en paix, préparons la guerre ».

L’émir du Qatar a beaucoup de chance

Depuis désormais 190 jours le Qatar subit un boycott partiel qui toutefois ne concerne pas l’exportation de ses hydrocarbures et dérivés. Le quatuor composé de l’Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis et l’Egypte a initié la crise contre le Qatar le 5 juin 2017. Elle pourrait bien s’installer dans la durée, car ni le Qatar, ni le quatuor n’a vraiment l’intention de négocier une sortie de crise. Et comme le Qatar ne peut pas démonter son pays pour le mettre ailleurs, il est bien obligé de trouver d’autres interlocuteurs que les « frères arabes de jadis ».

L’émir du Qatar a beaucoup de chance, car le quartet avait envisagé de le remplacer par un autre al Thani, plus proche de la vision des 4 compères. Pour cela il fallait avoir un peu de courage et dans les 48 heures, envoyer les troupes nécessaires pour débarquer l’émir Tamim afin de remettre l’histoire à l’endroit.

Le courage a manqué, et surtout le feu vert américain n’est jamais venu. Si Trump était d’accord, ses ministres, de la défense et des affaires étrangères ont bloqué la machine infernale contre Tamim al Thani. D’une manière ou d’une autre, le Qatar est toujours dans les mains des américains.

Tamim et Hamad al Thani

Le père de l’émir Tamim, Hamad bin Khalifa al Thani, avait jugé qu’avec la base d’Al Udeid, où séjournent environ 10 000 américains et une centaine de français, le Qatar ne risquait rien. Hamad avait une formule au moment où il régnait, « les américains nous protégerons de nos voisins iraniens mais aussi de nos frères saoudiens ».Comme il avait raison, l’émir Hamad, en particulier pour les saoudiens et il ne cesse aujourd’hui de le répéter à son fils Tamim.

L’actuel émir du Qatar a fait un reproche à son visionnaire de père, il n’a pas armé son pays suffisamment et il a trop compté sur le « soft power. » Lorsqu’en juin 2013, Tamim al Thani succède à son père, le Qatar a une armée de bric et de broc, soit une douzaine de Mirages, quelques pièces d’artillerie, quelques chars et quelques bateaux de guerre, même pas de quoi faire une parade.

En 2014, le président israélien Shimon Peres en recevant une délégation d’hommes d’affaires français pour évoquer les relations économiques entre la France et l’Etat hébreu. A l’un d’eux qui demandait au prix Nobel de la Paix ce qu’il pensait de la stratégie de « soft power » du Qatar par la promotion du Football, Shimon Peres répondit malicieusement, en français : « Israël forme des têtes, le Qatar achète des pieds. »

Cette histoire fut rapporté à l‘émir Tamim qui tout aussi malicieusement accéléra le programme militaire qu’il venait d’annoncer et mis en place un service national. Le Qatar sera bien au-delà des 20 milliards d’armement, dont nous aurons l’occasion de parler cette semaine. Mais aussi a renforcé ses institutions universitaires pour former des têtes.

Service National au Qatar

L’émir Tamim, grand amateur de football, ouvrant son pays au tourisme et renforçant son secteur privé, sait que les limites du « soft power » son atteintes. Il sait aussi que ses traditions ancestrales seront balayées à terme par l’apport culturel des 90 % de ses habitants étrangers au pays et par l’insertion dans la mondialisation. Il a bien raison de les faire connaître avant qu’elles finissent dans un des musées dont le Qatar a le secret.

Ces bouleversements à venir qui s’imposeront au Qatar, cette limite du « soft power atteinte, il est désormais temps de passer au stade de « pour vivre en paix, préparons la guerre ».