La saga de l’été 2017 dans le Golfe arabique

Finalement que retiendra l’histoire de cette crise qui a lieu sous nos yeux, en ce mois de juin 2017, dans le Golfe arabique ? Une crispation par manque d’imagination, une absence de projet pour les trois pays principalement concernés, Arabie saoudite, Emirats Arabes Unis et Qatar, et les trois hommes qui dirigent ou aspirent à diriger. La pauvreté intellectuelle, le manque de dynamique fait craindre le pire.

En psychothérapie on préfère le choc qui nettoie au mensonge qui empoisonne

Cette expression est extraite du livre de René Barjavel « La nuit des temps » publié en 1968. Elle pourrait s’appliquer à la démarche entreprise par les autorités des Emirats arabes unis qui ont décidé d’expliquer le pourquoi de la crise actuelle dans le Golfe arabique. Le ministre émirati des Affaires étrangères Anwar Gargash parcourt la planète avec un message simple «le problème, c’est que le Qatar utilise des ressources financières considérables, a été de manière régulière l’un des grands soutiens de groupes djihadistes, d’une manière très opportuniste

Anwar Gargash explique qu’il fallait taper fort pour produire un choc pour que le Qatar change de politique étrangère, qu’il retrouve sa place. Sur quelle ligne ? Celle de l’Arabie saoudite, cher monsieur, il ne peut y avoir plusieurs « leaderships »   dans le Golfe. Personne n’est dupe, la crise du 5 juin 2017 a été créée de toutes pièces. Hier mercredi, le procureur général du Qatar n’a pas hésité à accuser ses voisins d’avoir piratés QNA, l’agence officielle du Qatar, pour crée un incident. Même quand l’émir a indiqué ne pas avoir tenus ces propos, les médias saoudiens et émiratis se sont déchaînés contre Tamim bin Hamad al Thani, l’émir du Qatar, car cette affaire avait été préparée pour déstabiliser le Qatar. On sort du placard de vieilles histoires ou des analyses d’une autre époque comme par exemple les Frères Musulmans.

Pourquoi les Emirats ont-ils peur d’une Confrérie moribonde ?

La peur rend- t-elle aveugle au point de ne pas voir que la Confrérie se meure ? Bien sur le « hold-up du pouvoir en Egypte » est inacceptable en premier lieu, mais ensuite le peuple égyptien a voté pour Al Sissi, même si l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont participé à cette victoire. Comme faut-il nommer cette intervention en Egypte, influence, terrorisme ?

Si les Frères Musulmans périclitent ils le doivent avant tout à eux-mêmes. Et que le Qatar les aides ou pas, ne changera rien à leur sort. Pour qu’un mouvement religieux puisse faire aussi de la politique, il doit changer ses codes, préférer le choc qui nettoie au mensonge qui empoisonne

Le jour où la Confrérie sera capable d’admettre l’autodétermination des hommes dans la gestion de leur quotidien alors il y aura danger pour les monarchies du Golfe et bien au-delà. Le projet que les Frères Musulmans doivent établir pour faire de la politique heurte les fondamentaux de l’islam. Tout est question d’éclairage et de compréhension. L’essentiel du débat repose sur le fait que Dieu peut accorder sa confiance aux hommes  pour l’ordinaire mais il sera toujours là pour ce que les hommes ne peuvent accomplir. Gérer l’ordinaire, faire de la politique ce n’est pas nier l’existence de Dieu. D’aucuns ont vendu l’existence de Dieu pour sauvegarder quelques biens et se sont éloignés de la politique, de l’ordinaire. Ils ont créés des organismes de charité pour venir en aide aux hommes mais pourtant le malheur augmente un peu plus chaque jour.

Il faut être convaincu que l’on peut servir Dieu et gérer le quotidien des hommes. Ceci n’est pas antinomique mais complémentaire. Comment peut-on,  accepter que notre monde soit géré par un système qui nous conduit à notre perte en tant qu’êtres humains ? N’est-il pas une noble cause d’aller bien au-delà d’un projet comme Vision 2030, un acte primaire de planification et prendre part au futur du monde ? N’est-il pas du rôle de  Mohammed ben Zayed Al-Nahyan, de Tamim bin Hamad al Thani et Mohammad bin Salman de dépasser ce triste épisode belliqueux, cette saga de l’été 2017 et travailler ensemble pour un projet où l’homme et Dieu retrouvent chacun sa place ? Il va bien falloir qu’ils retrouvent leurs esprits et assument leur responsabilités, car pour l’instant ils sont la risée de la planète toute entière.