Le premier ministre du Qatar essaie de trouver sa place

L’émir Tamim prend de la hauteur et se protège en mettant en place un vice émir. Quel est l’espace politique qu’il reste au premier ministre du Qatar, Abdullah bin Nasser bin Khalifa Al Thani ?

Occuper l’espace politique au risque de le laisser aux autres

Les changements à Qatar Investment Authority sont riches d’enseignements. En confiant la présidence du « trésor » du Qatar à son vice émir et la direction générale à Abdullah bin Mohamed bin Saud Al-Thani, l’émir Tamim prend de la hauteur et se protège, tout en tenant fermement en main les cordons de la bourse. Un autre évènement est à souligner, la présence de plus en plus « visible » du premier ministre du Qatar, Abdullah bin Nasser bin Khalifa Al Thani. Celui-ci s’est rendu compte depuis quelques mois que le conseil des ministres qu’il dirige traite de la vie courante mais ne participe qu’à posteriori aux grandes décisions de la nation.

Comme nous l’indiquions à un directeur national d’une banque française qui nous demandait des renseignements sur le Qatar, dans ce pays tout se passe en premier lieu au « diwan » (Bureau de l’émirat). Le premier ministre perdant peu à peu ses prérogatives, arrachées de haute lutte par son prédécesseur.

Aujourd’hui, le premier ministre et ses ministres sont simplement là pour exécuter les décisions du diwan, même si le premier ministre participe à ces décisions. La loi sur l’évolution du droit du travail montre à quel point toute initiative est interdite au niveau d’un ministère tant qu’elle n’est pas validée par le diwan complétement dépassé par la tâche. Or, dès les premiers mois de la mise en place du nouveau gouvernement, nous avions indiqué que la présence d’Abdullah bin Nasser bin Khalifa Al Thani n’était pas assez visible. Et qu’il existe une loi en politique, il faut « Occuper l’espace politique au risque de le laisser aux autres. » Dans la mandature précédente HBJ, (Hamad bin Jassim al-Thani) l’ancien premier ministre l’avait parfaitement compris, au point que l’ancien émir Hamad devait souvent lui courir après tant il prenait des initiatives.

Abdullah bin Nasser bin Khalifa Al Thani, premier ministre du Qatar depuis quelques mois essaie de reprendre l’espace concédé, mais déjà entre lui et l’émir se dresse un nouveau personnage, le vice émir. Sans dériver au point de devenir un HBJ bis, il parait essentiel avant qu’il perde toute autorité auprès de ses ministres qu’il occupe toute sa place. Entre, ne pas faire de l’ombre à l’émir et devenir invisible, Abdullah bin Nasser bin Khalifa Al Thani doit trouver rapidement sa place et prendre des initiatives, au risque d’être avant tout un excellent ministre de l’intérieur.