Kobané 2014, la gloire et la honte

Il y a quelques semaines c’était une ville inconnue, depuis elle est devenue la ville de la résistance kurde et la honte de la Turquie et de la coalition qui se bat contre Daesh.

Dans une guerre on ne peut échapper aux moments de gloire et aux moments de honte.

Depuis près de quinze jours, tous les médias nous parlent de cette ville jusqu’alors inconnue Kobané. Troisième ville d’un Kurdistan syrien qui venait de naître, elle est la cible des djihadistes de Daesh qui ont décidé de nettoyer cette bande dernier rempart de la résistance kurde.

Après avoir conclu un accord avec les turcs en plusieurs points dont un qui porte sur la non-intervention contre eux, Daesh a concentré une partie de ses forces à la prise de Kobané et ses environs. Elle fait le travail en lieu et place de la Turquie, c’est-à-dire, vider le nouveau Kurdistan syrien de tous les kurdes et les envoyer dans les griffes de la Turquie. La Turquie qui tient là l’occasion de reprendre le dessus sur des négociations avec le parti kurde PKK qui a comme objectif  la création d’un état kurde turc autonome.

Moment de gloire pour ces quelques milliers de kurdes qui réfugiés dans Kobané où à la frontière,  se battent à armes inégales contre Daesh sur équipée. Ils finiront sans doute par tomber car personne ne leur vient en aide, sinon quelques frappes qui ne peuvent que retarder le moment de la chute. Et pourtant encore aujourd’hui on peut sauver Kobané par l’envoi d’hélicoptères de combat pour la coalition ou par l’intervention de la Turquie. Mais comme dans toute guerre il y a des moments de honte.

 Pour la coalition qui montre son incapacité à terrasser Daesh, ce qui aura un effet désastreux pour l’avenir. Daesh va pouvoir recruter en masse se servant de cet échec.

 Pour la Turquie qui vient de tomber son masque en laissant assassiner pour ses intérêts politiques des centaines voire des milliers de kurdes à terme. Petit calcul politique de la Turquie qui n’a pas réfléchi au sens de l’histoire et qui aura sans doute à payer un lourd tribu sur son propre territoire. Au-delà des manifestations qui déjà se terminent par un bain de sang, les attentats vont sans doute reprendre, déstabilisant le tourisme turc. La Turquie deviendra à terme un Egypte ou plus personne ne va à cause de la crainte des attentats. Moment de honte encore pour la Turquie qui n’a même pas le courage de sa stratégie insensée puisqu’elle couvre son méfait par une proposition « stupide » d’une zone tampon. A part quelques « idiots de circonstances » chacun sait que cette zone tampon ne se fera jamais. Cette proposition n’est là que pour justifier ce lâche abandon des kurdes.

 L’histoire est étrange, car finalement au moment où le président Erdogan pensait être le plus fort,  il va tomber  dans un piège qu’il a lui-même dressé, il vient d’allumer un nouveau foyer interne qui pourrait bien l’emporter.