Le Qatar et la FIFA une fable des temps modernes

Le laboureur et ses enfants

L’émir Tamim en modifiant le comité d’organisation de la coupe 2022 au Qatar a donné le premier signal. La FIFA par courrier public demande à ce pays des comptes sur les conditions de vie et de travail de ceux qui vont construire les stades et leur environnement. Si la Fontaine était vivant il en ferait une fable.

 

Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs

L’émir Hamad était loin de se douter que « cette coupe du monde 2022 » serait pour le Qatar un piège médiatique pendant de nombreuses années. Lorsque l’analyse sera faite dans quelques années la question se posera de savoir si « la grenouille n’a pas voulu se faire aussi grosse que le bœuf.

L’émir Tamim en modifiant le comité d’organisation de la coupe 2022 au Qatar pour le transformer en conseil suprême pour l’organisation et la durabilité (Supreme Committee for Delivery and Legacy) a vu que The Guardian et les autres journaux ne le lâcheraient pas. Il a renforcé donc l’équipe qui va mener le combat pour garder cette coupe du monde de football et bâtir l’environnement pour l’accueillir. Mais il doit avoir le « courage » de bouleverser l’histoire et faire disparaître le kafala malgré l’avis des sponsors qataris. Il doit leur rappeler cette fable du sage la Fontaine :

Chacun se trompe ici-bas.

On voit courir après l’ombre

Tant de fous qu’on n’en sait pas

La plupart du temps le nombre.

Au chien dont parle Ésope il faut les renvoyer.

Ce Chien, voyant sa proie en l’eau représentée

La quitta pour l’image, et pensa se noyer ;

La rivière devint tout d’un coup agitée

À toute peine il regagna les bords,

Et n’eut ni l’ombre ni le corps.

Le président de la FIFA est-il trop vieux pour sa tâche ?

Joseph Blatter président de la FIFA avait soulevé la question des conditions des travailleurs lors d’une rencontre avec l’émir Tamim le 9 novembre 2013, et les organisateurs du Mondial-2022 l’avaient assuré alors de leur « ferme engagement » envers le respect des droits humains et le principe de justice sociale. Or à ce jour rien de neuf, rien de crédible à part des discours. Le président de la FIFA est-il trop vieux pour sa tâche ? La Fontaine nous rappelle qu’il ne faut pas enterrer le vieux lion trop vite.

Le Lion, terreur des forêts,

Chargé d’ans, et pleurant son antique prouesse

Fut enfin attaqué par ses propres sujets

Devenus forts par sa faiblesse.

Le Cheval s’approchant lui donne un coup de pied,

Le Loup, un coup de dent ; le Bœuf, un coup de corne.

Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne,

Peut à peine rugir, par l’âge estropié.

Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes,

Quand, voyant l’Âne même à son antre accouri,

Ah ! C’est trop, lui dit-il, je voulais bien mourir ;

Mais c’est mourir deux fois que souffrir tes atteintes.

Pour conclure La Fontaine pourrait rappeler à l’émir du Qatar et au président de la FIFA, les dernières phrases du « laboureur et ses enfants » :

D’argent, point de caché.

Mais le Père fut sage

De leur montrer avant sa mort

 Que le travail est un trésor.