L’angoisse de la jeunesse qatarie

Le Festival du Film d’ Ajyal c’est une réponse apportée au désarroi de la jeunesse qatarie mais est-ce suffisant ?

 Un festival peut-il combler ce manque au fond de soi ?

Un festival en priorité pour les jeunes mais finalement on a bien vu quelques anciens aussi. Le Festival du Film Ajyal c’est soixante-cinq films de 30 pays différents Une première au Qatar. Décidément DFI (Doha Film Institute) se démène pour essayer de faire une place au cinéma au Qatar. Les propos d’Abdulaziz Al Khater , un des dirigeants de  Doha Film Institute sont intéressants «  … Ajyal fournit au jeune public l’occasion d’ apprendre les uns des autres , discuter , débattre et contribuer à des changements positifs autour d’eux . Nous sommes fiers de partager leur enthousiasme et de développer une meilleure appréciation du film. Il s’agit de leur plate-forme – d’auto- expression et de créativité. »

Certains diront, 5 jours où on a eu  l’impression que l’on s’occupe de nous et après nos parents repartent dans leur cycle infernal.

 Avoir entre 10 et 14 ans et se sentir seul

En quelques décennies, il a fallu passer de la vie sous la tente, rassemblés, en contact avec la nature à une vie occidentalisée. Ce qui fait le plus mal si on se met un instant dans la tête d’un jeune qatari c’est cette énorme solitude qui l’envahit au milieu de tant de personnes. L’enfant est roi mais pas unique, l’amour existe mais les parents ne sont pas là et quand ils le sont, on a l’impression qu’ils portent le poids du monde sur leurs épaules.

Cette angoisse qui se niche au fond de ces jeunes s’agrandit lorsqu’ils regardent leurs grands frères partir à l’étranger pour apprendre les lois du « monde ». Le propos d’Abdulaziz Al Khater de DFI sur la créativité mérite notre attention. C’est bien dans le milieu familial que commence cette créativité. Elle se développe quand les parents mettent en valeur chaque jeune membre de la famille. Or, au Qatar ce ne sont plus les parents mais des « personnels » souvent mal payés et pas toujours bien traités à qui incombe ce rôle. Le père trop occupé à faire affaire et la mère trop occupée à essayer de survivre dans un monde où être femme devient des plus complexes.

Le Festival du Film Ajyal est sans doute une première réponse. Mais la jeunesse qatarie est rare. Elle est en très grande difficulté. Au niveau santé par une obésité et un diabète des plus inquiétants, par de nombreux accidents routiers et par un « stress » souvent au-delà de l’acceptable. Tant que les résultats économiques sont là il y a une ligne pour aller de l’avant, mais l’image du pays se trouble, les valeurs traditionnelles sont écrasées par d’autres, contribuant à la disparition de repères et accentuant la solitude. Il n’est pas facile au Qatar d’être un ado.