Brésil quand l’étranger devient moteur : l’ère des immigrés (1870–1900)

Ce n’est pas qu’un changement de main-d’œuvre : c’est une métamorphose sociale, culturelle et stratégique.

Épisode 7 : Pourquoi faire venir des étrangers ?

Après l’arrêt du trafic d’esclaves en 1850 et l’abolition en 1888, le Brésil fait face à un vide de main-d’œuvre. L’État et les élites rurales lancent une politique active pour attirer des travailleurs européens :

  • Ils veulent des bras, mais aussi des blancs — croyant à tort que cela “civiliserait” le pays.
  • Le modèle se veut proche de celui de l’Argentine, qui connaît déjà un essor migratoire.

Origines et flux des immigrés

Italie : Crise agraire, pauvreté, surpopulation – environ 1 million.

Allemagne : Déclin rural, recherche de terres – environ 200 000.

Espagne : Instabilité politique – environ 150 000

Certains viennent sous contrat (logement, salaire, terres), d’autres débarquent avec leurs espoirs et… rien d’autre.

Colonisation agricole : rêve et désillusion

  • Colonies organisées :
    • São Paulo et le Rio Grande do Sul accueillent des immigrants dans des “colonies agricoles”.
    • Objectif : créer une classe laborieuse libre, sédentarisée et productive.
  • Défis :
    • Mauvais encadrement, terres infertiles, promesses non tenues.
    • Certains quittent les campagnes pour chercher travail en ville.
    • Tensions avec les anciens esclaves : concurrence, discriminations, inégalités.

Impact économique

  • Modernisation du travail :
    • Les immigrés introduisent des méthodes agricoles européennes, plus rationnelles.
    • Ils acceptent des contrats salariés, imposant de nouvelles normes dans les fazendas.
  • Croissance urbaine :
    • Fuite des campagnes = essor des villes comme São Paulo, Porto Alegre.
    • Les immigrés deviennent ouvriers, commerçants, artisans.
  • Émergence d’une classe moyenne étrangère :
    • Création de journaux en italien, allemand.
    • Coopératives agricoles, petites banques locales.

Un pays plus productif et plus pluraliste

Cecilia, assise dans une gare fraîchement construite, observe une famille italienne arrivée la veille. Antonio note dans son carnet :

“On croyait qu’ils allaient labourer la terre. Ils ont aussi semé des idées.”

Le train siffle. Le progrès ne vient pas seul – il vient avec des langues, des visages, des rêves nouveaux.

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