
Dans un contexte de crise profonde, le groupe ZF condense tous les enjeux de la reconversion industrielle : accélération technologique, pression économique, et menaces sur l’emploi. Ce premier volet interroge une logique de rentabilité à tout prix — quitte à sacrifier les savoir-faire et les territoires.
Une entreprise en quête de rentabilité
Alors que des milliers de salariés manifestent à Sarrebruck et que l’incertitude grandit chez les frontaliers français, quelle est la logique industrielle qui pousse ZF à restructurer massivement ses activités en Allemagne et en Europe.
Depuis 2022, ZF Friedrichshafen AG fait face à une série de défis :
- Chute de la production automobile mondiale : -30 % depuis 2018.
- Transition vers l’électromobilité : produits moins rentables, surcapacités, moins de besoin en main-d’œuvre.
- Rentabilité en berne : en 2024, l’entreprise affiche une perte nette de 1 milliard d’euros.
Pour faire face, ZF lance une stratégie nommée Strengthening strengths – Unlocking potential. L’idée ? Renforcer les pôles compétitifs et se désengager des secteurs jugés peu rentables.
Restructuration à marche forcée
- Fusion et scission : création d’une nouvelle division “Chassis Solutions”, scission de ZF Lifetec (sécurité passive).
- Partenariats ciblés : coentreprise avec Foxconn pour produire des modules de châssis.
- Abandon de projets autonomes : exit les navettes électriques, recentrage sur les systèmes embarqués.
Délocalisations et suppressions de postes
L’optimisation industrielle s’accompagne d’une politique sociale drastique :
- Jusqu’à 14 000 suppressions d’emplois en Allemagne d’ici 2028.
- Sarrebruck particulièrement touché : 1 800 emplois supprimés d’ici fin 2025, dont de nombreux frontaliers français.
- Délocalisation en Hongrie : production transférée à Eger, où les coûts sont bien plus bas.
Une logique qui questionne
ZF cherche à survivre dans un secteur en crise. Mais en désengageant ses sites historiques, l’entreprise affaiblit des bassins d’emploi entiers et mise sur des écosystèmes plus précaires.
Le modèle économique est-il viable si les savoir-faire se perdent et les salariés sont sacrifiés ?
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