Avignon ne se résume pas à l’amertume

Le théâtre ne devrait jamais être un champ de bataille éditorial. Le billet publié récemment dans Le Figaro, sous couvert de critique esthétique, convoque une rhétorique violente et outrancière à l’égard du Festival d’Avignon 2025 – qualifiant sa programmation d’« entre-soi », son “In” de « nullité » et ses formes artistiques d’« ultra-gauche grotesque ». Une telle diatribe ne témoigne pas d’un désaccord de sensibilité : elle relève d’un procès d’intention.

Réponse au billet du Figaro sur le Festival d’Avignon 2025

Je suis Antonio. Durant le mois de juillet, j’ai dirigé une couverture sur place avec quatre regards complémentaires : ceux de Lucie, Noura, Enzo et Bello. Nous avons écouté, débattu, erré dans les marges comme dans les cours d’honneur. Et non, ce que nous avons vécu n’avait rien de clos, ni de sectaire.

Ce que l’équipe a vu : pluralité, tensions, émerveillements

Lucie a pleuré devant Soudain, la nuit. Bello a interviewé des spectateurs d’horizons opposés, tous vibrants d’émotion contradictoire. Enzo a écrit sur la puissance politique de Ana & l’Autre Monde, sans y voir une “manipulation idéologique”, mais un moment de recherche viscérale. Noura a décortiqué les friches du Off où des collectifs venus de trois continents jouaient devant des publics hétérogènes – jeunes, âgés, en désaccord, en dialogue.

Ce que nous avons rencontré à Avignon, c’est le vivant. Et le vivant n’a jamais peur du désordre.

Le théâtre comme contre-pouvoir, pas comme ennemi

Je revendique un regard politique sur ce festival. Et je n’ai jamais imaginé qu’il faille plaire à tous. Mais ce qui dérange dans certaines esthétiques contemporaines n’est pas leur contenu — c’est leur liberté. Il ne s’agit pas d’un entre-soi, mais d’un entre-mondes, parfois incompréhensibles, parfois fulgurants, souvent courageux. Dire que les artistes font partie d’une cabale financée pour leur “pensée unique” relève d’une vision paranoïaque du commun.

Pour conclure : le droit au désaccord ne doit pas être une arme

Avignon est un forum. Et oui, parfois les tribunes s’y affrontent. Mais confondre liberté artistique avec propagande, et pluralité de formes avec vacuité, c’est ignorer ce que le théâtre est — une fracture fertile dans le corps social.

À ceux qui ont vu “nullité”, nous avons vu “tentative”. À ceux qui ont crié “entre-soi”, nous avons entendu “débat”. Et à ceux qui jugent sans écouter, nous opposons le bruissement des ruelles d’Avignon : là où le théâtre ne se tait jamais, même après le dernier rideau.

par Antonio, observateur engagé

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