Les saoudiens se mettent en danger au Yémen

L’engagement de troupes au sol dans la guerre au Yémen pourrait en cas d’échec déstabiliser l’Arabie saoudite.

 

Les Houthis sont des yéménites et non des iraniens

Lorsque l’Arabie saoudite est partie en guerre contre les rebelles Houthis et leurs alliés, les troupes de l’ancien président Saleh, elle savait que cette guerre serait compliquée. Elle s’est entourée d’une coalition officielle comprenant les pays du Golfe sauf Oman et quelques pays amis comme l’Egypte ou le Maroc… En outre elle a entrainé indirectement des forces moins visibles dans ce conflit comme les US et quelques pays européens dont la France présente à quelques kilomètres du Yémen, à Djibouti.

Le président Hadi dirigeant actuel du Yémen s’est enfoui au début du conflit en Arabie saoudite et organise depuis son retour au Yémen. Les Houthis soutenus par l’Iran officieusement ont avec leurs alliés pris possession d’une grande partie du territoire du Yémen et cela malgré des bombardements incessants de la coalition conduite par l’Arabie saoudite. Cette première partie de la guerre a fait plus de 4000 morts, des dizaines de milliers de blessés et des millions de yéménites dans une situation humanitaire désastreuse. Elle a permis aussi à Al Qaida au Yémen de profiter du désordre pour se renforcer notamment aux alentours de la ville d’Aden.

Compte tenu de la situation l’Arabie saoudite voyant que le conflit peut durer a décidé de mettre des hommes au sol pour l’instant en petit nombre mais probablement d’une manière plus importante dans les jours à venir. Il est impératif qu’avant l’hiver les saoudiens et leurs alliés avancent en territoire yéménite. Les pertes humaines depuis grandissent au sein de la coalition.

Sur le fond, l’Arabie saoudite a commis une erreur d’appréciation qui peut lui être funeste. Les Houthis sont des yéménites et non des iraniens, ceci veut dire qu’à moins d’exterminer la plus grande partie de ses milices rebelles elle ne pourra pas les « renvoyer en Iran ». La recherche d’un compris devient donc inévitable, les Houthis et leurs alliés le savent, comme ils savent que lorsque il y aura quelques centaines de morts voire des milliers dans des combats terrestres la population saoudienne et de la coalition va commencer à demander des comptes.

Ce compromis passe par la reconnaissance des forces comme les Houthis et ceux de l’ancien président Saleh et l’organisation d’élections qui aujourd’hui ne seraient pas favorable à l’actuel président Hadi dont les compétences laissent à désirer. La nomination par l’ONU, sous influence des US et des saoudiens et avec la complicité de bien d’autres, du diplomate mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed à la place de Jamal Benomar, a qui on reproché d’entendre les revendications des Houthis, n’a fait que retarder la conclusion d’un accord politique.

L’Arabie saoudite pressée par le temps va donc avec ses alliées mettre des troupes au sol afin de ramener les Houthis dans leurs terres du nord. Il se murmure qu’une intervention pourrait attaquer ces terres du nord pour affaiblir les Houthis. Evidement cela est une énorme bêtise stratégique, car en premier lieu le terrain n’est pas favorable aux envahisseurs et si demain il n’y avait pas de solution de repli pour les Houthis il est probable que ceux-ci commettraient un carnage sur leur routes ayant perdu tout espoir pour le futur.

Les saoudiens pour se sortir de ce conflit où ils se sont fait piéger, doivent impérativement admettre que les Houthis sont des yéménites et qu’ils ont le droit de vivre. Quant à espérer une intervention iranienne afin de saboter à la dernière minute l’accord entre le Monde et l’Iran, il ne faut même pas y rêver. Chacun sait que s’il le fallait l’Iran pourrait utilise ses alliés pour encadrer les Houthis d’une manière beaucoup plus importante qu’aujourd’hui.

Il faut bien entendre que pour l’Arabie saoudite si ce conflit perdure et que le nombre de morts par engagement au sol s’avère être couteux en vie humaines, cette guerre pourrait déstabiliser le clan qui dirige l’Arabie saoudite. Or la déstabilisation de l’Arabie saoudite pourrait entrainer par effet de domino celle des autres pays du Golfe, on parlerait alors des « Printemps arabe saison 2 ». Il est évident que si d’une manière ou d’une autre l’Iran perçoit la moindre faille qu’elle puisse exploiter elle ne manquera pas de faire éclater les monarchies du Golfe et favoriser la naissance de républiques islamiques. Quant aux soutiens des US et des pays européens, l’Arabie saoudite ferait de se méfier car si demain on parle de « républiques islamiques » en lieu et place des monarchies du Golfe, il est probable que l’opinion publique occidentale applaudisse à cette solution.

Pour conclure provisoirement, l’Arabie saoudite a sous-estimé l’impact d’un échec au Yémen, tout est encore sur la table pour réussir un accord avec les rebelles Houthis et leurs alliés. Une guerre au sol pourrait se terminer avec la fin du clan des Saoud.