
Deux jours ont passé. Le tumulte s’est apaisé, les œuvres ont été décrochées, les chapelles refermées, les jardins rendus au silence. Et pourtant, quelque chose demeure.
Une trace. Une lumière
Je suis revenu à Châtellerault avec dans mes bagages bien plus que des photos ou des brochures. Ce que je ramène d’Autun, c’est une expérience intérieure, une traversée. Une aventure qui ne s’est pas jouée dans les rues de la ville, mais dans les replis de mon propre regard.
Tout a commencé dans la fraîcheur d’un cloître, où les dessins de Jérôme Zonder m’ont saisi à la gorge. Le sacré n’était pas paisible – il était brut, interrogatif, presque douloureux. Puis, dans une chapelle oubliée, les vidéos de Bill Viola m’ont suspendu dans le temps. Des visages dans l’eau, des corps en lumière, une lenteur qui m’a obligé à respirer autrement.
Chaque lieu était une rencontre. Pas seulement avec les œuvres, mais avec moi-même. Avec ce que je ne prends jamais le temps d’écouter : le silence, le doute, la beauté nue. Les mosaïques d’Elaine M Goodwin m’ont parlé de lumière, mais aussi de fragmentation. De ce que nous sommes tous : des éclats, des reflets, des tentatives de cohérence.
Et puis il y avait les gens. Les bénévoles, les artistes, les visiteurs croisés au détour d’un jardin ou d’une nef. Des regards ouverts, des mots simples, des sourires qui disaient : “Tu n’es pas seul.” Dans cette biennale, le sacré n’était pas un dogme – c’était une main tendue.
Aujourd’hui, je me demande ce qui a vraiment changé. Rien, peut-être. Et pourtant, tout. Je regarde le monde avec un peu plus de lenteur, un peu plus de gratitude. Je me surprends à chercher la lumière dans les détails, à écouter les silences entre les mots.
Ce qu’il me reste de la Biennale 2025, c’est une boussole. Fragile, discrète, mais précieuse. Une invitation à continuer à marcher, à contempler, à relier.
Et à Autun, quelque part, je sais que les pierres se souviennent.
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