
La chaleur est accablante, mais le silence dans la fazenda est presque sacré. Les palmiers eux-mêmes semblent suspendus à l’attente.
Au loin, le galop fend l’air – un cavalier surgit, le journal chiffonné dans une main levée comme une bannière. Il s’arrête brutalement au centre de la cour, souffle court : “La Lei Áurea est signée ! L’esclavage… est aboli.”
Episode 4 : La Lei Áurea est signée
Maria lit à voix haute, la voix cassée d’émotion. Cecília, debout à ses côtés, serre sa main, les yeux brillants. Non pas de larmes, mais d’un feu nouveau – une lumière qui ne tremble pas.
Antonio, un peu à l’écart, observe la scène. L’annonce fait vibrer quelque chose en lui – non pas le passé, mais l’élan. La possibilité. Sous les ramures du vieux manguier, il fixe le ciel, comme pour chercher une direction. “Et maintenant, qu’est-ce qu’on devient quand les chaînes tombent ?” Il ne parle à personne, mais ses mots flottent, recueillis par la brise.
Vibrations
La nuit tombe. Les femmes allument des bougies. Le chant monte – pas un chant connu, mais un murmure collectif, venu des entrailles du Brésil. Cecília prend sa plume, ouvre son carnet :
“Aujourd’hui, l’histoire s’est ouverte. Mais demain, il faudra l’écrire.”
La politique
Tandis que les voix s’élèvent dans la fazenda, à Rio de Janeiro, les murs du Parlement ont résonné d’un autre tumulte. Le projet de loi, présenté par le ministre Rodrigo Augusto da Silva, fut voté à la Chambre des députés les 9 et 10 mai, puis débattu au Sénat impérial jusqu’au 13 mai. À 15 heures, la princesse Isabel, régente en l’absence de son père, signa la Lei Áurea au palais impérial. Deux lignes seulement : “À partir de la date de la présente loi, l’esclavage est aboli au Brésil. Toute disposition contraire est abrogée.” Deux lignes pour effacer des siècles.
Une voix dans la nuit se fait entendre : Damião, ancien contremaître affranchi, lucide et sans illusion :
Damião, debout près du portail, ne célèbre pas. Il dit simplement : “Vous croyez qu’ils vont nous donner la terre ? Qu’ils vont nous appeler ‘senhor’ maintenant ? Non. Le nom a changé, pas la place.” Il ne crie pas. Il constate.
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