Le pipeline « Power of Siberia » : clef du rapprochement russo-chinois

Depuis le début de la guerre en Ukraine et l’isolement croissant de la Russie vis-à-vis de l’Occident, le gazoduc Power of Siberia est devenu un symbole puissant du pivot énergétique russe vers l’Asie. Mais que représente réellement ce projet titanesque ? Et pourquoi est-il si stratégique pour Moscou et Pékin ?

Qu’est-ce que le Power of Siberia ?

Le Power of Siberia est un gazoduc de près de 4 000 kilomètres reliant les gisements de gaz de Yakoutie et d’Irkoutsk, en Sibérie orientale, à la frontière chinoise. Opéré par Gazprom, il a été inauguré en décembre 2019 et constitue la première infrastructure majeure permettant à la Russie d’exporter du gaz directement vers la Chine par voie terrestre.

  • Capacité maximale : 38 milliards de m³ par an
  • Durée du contrat : 30 ans
  • Valeur estimée : 400 milliards de dollars
  • Destination finale : Pékin, Shanghai et autres centres industriels chinois

Pourquoi ce pipeline est-il si stratégique ?

1. Réorientation post-sanctions

Avec les sanctions européennes sur le gaz russe, Moscou a dû trouver de nouveaux débouchés. La Chine, en pleine transition énergétique, est un client idéal.

2. Sécurité énergétique pour Pékin

La Chine cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement pour réduire sa dépendance au gaz liquéfié (GNL) importé par voie maritime, notamment depuis les États-Unis et le Qatar.

3. Alliance géopolitique renforcée

Ce projet incarne le rapprochement stratégique entre les deux puissances, dans un contexte de tensions croissantes avec l’Occident. Il illustre une volonté commune de bâtir un ordre énergétique alternatif.

Une relation asymétrique ?

Malgré les apparences d’une “amitié sans limites”, la Chine reste en position de force :

  • Elle négocie les prix à la baisse
  • Elle retarde la validation du projet Power of Siberia 2, censé doubler les livraisons
  • Elle impose ses conditions technologiques et logistiques

La Russie, affaiblie économiquement, dépend désormais fortement de ces exportations pour maintenir ses revenus énergétiques.

Et demain ?

Le Power of Siberia n’est pas qu’un pipeline : c’est une ligne de fracture géopolitique. Il redessine les flux énergétiques mondiaux, affaiblit l’influence européenne et renforce l’axe Moscou-Pékin. Mais il soulève aussi des questions sur la souveraineté énergétique russe et sur l’équilibre des forces dans cette nouvelle alliance.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.