Fringe 2025 – Réenchanter le monde – The Feral Manifesto

Spectacle marquant : The Feral Manifesto, une déclaration scénique radicale mêlant écologie queer, rituels païens et performance spéculative.

Journal du 5 août 2025 du Festival d’Edimbourg

Synopsis : Sur une scène recouverte de mousse et de racines, cinq performeur·euses invoquent des figures “sauvages” oubliées. Par des chants, des danses et des incantations décalées, iels imaginent un monde libéré des hiérarchies humaines et des dogmes capitalistes.

Particularités de la pièce :

  • Esthétique végétale organique : la scénographie évolue au fil du spectacle.
  • Narration fragmentée : entre manifeste politique, fabulation et confession intime.
  • Sonorité troublante : field recordings de forêts et voix distordues.

Auteur·ices / créateur·ices

Le collectif Moss Kin, un groupe de performeur·euses engagé·es dans l’exploration des récits végétaux, des pratiques décoloniales et des esthétiques queer.

Mise en scène

Orchestrée par River Ainsley, artiste interdisciplinaire britannique, connu·e pour des créations mêlant art vivant, écologie et dramaturgie participative.

River Ainsley est reconnu·e pour transformer les plateaux en environnements sensoriels, invitant le public à s’immerger physiquement et affectivement dans la performance. Sa démarche vise souvent à “désanthropocentrer” le théâtre en recentrant les récits sur les non-humains et les marges.

Réactions de l’équipe

  • Lucie : a été émue par l’idée d’un “monde végétal qui refuse de se soumettre”.
  • Noura : a vu une “écologie des gestes” dans la lenteur chorégraphique et les interstices de silence.
  • Enzo : a évoqué “un folklore queer pour des temps à venir”.
  • Bello : a trouvé dans le manifeste une critique incisive des systèmes de domination, écologique et social.

Regard d’Antonio

Dans The Feral Manifesto, j’ai perçu une tentative joyeuse de réenchanter le monde sans naïveté. Le spectacle invite à cultiver des utopies radicales, à repenser nos liens au vivant et à donner voix aux mondes tus — végétaux, animaux, minorisés. Une œuvre qui ne cherche pas à convaincre, mais à contaminer l’imaginaire.

Entretien virtuel avec River Ainsley,

Metteur·euse en scène du spectacle The Feral Manifesto. Un moment rare, intense et sensoriel.

Antonio : River, merci d’ouvrir cet espace de dialogue. The Feral Manifesto est un OVNI scénique. D’où est venue l’envie de créer ce manifeste vivant ?

River Ainsley : Merci à toi, Antonio. Ce projet est né d’un désir viscéral de réenchanter le monde à partir des marges. Nous voulions répondre à la violence des récits dominants par une célébration du vivant indiscipliné — plantes, créatures hybrides, identités en dehors des cadres.

Antonio : Il y a une puissance rituelle dans la mise en scène : mousse, racines, chants… Tu vois ton travail comme une forme de magie politique ?

River : Absolument. Le théâtre, pour moi, est une zone de contamination — pas un lieu où l’on applique une logique, mais où l’on dérègle les systèmes. The Feral Manifesto est un sort lancé contre le capitalisme extractif et les binarités violentes. Mais c’est aussi un chant d’amour.

Antonio : Tes performeur·euses parlent, chantent, se métamorphosent… Comment travailles-tu avec les corps et les langages ?

River : On part toujours de l’expérience. Chaque geste est chargé de mémoire. Les voix ne sont pas là pour imposer un discours, elles tremblent, hurlent, murmurent. Et les corps cherchent : ils glissent, ils tombent, ils repoussent. C’est une dramaturgie du tâtonnement, en miroir avec notre époque.

Antonio : Un mot sur le public ? Quel rôle lui donnes-tu ?

River : Iel·les ne sont jamais spectateur·ices passif·ves. Iel·les entrent dans l’écosystème. Parfois on leur tend une branche, parfois un secret, parfois un vertige. J’aime que le théâtre laisse des spores. Qu’on ressorte contaminé·es par des idées étranges et belles.

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