Aspasie, celle qu’on n’écoute pas

Antonio, voyageur du futur, émissaire d’un siècle en quête de sens, part à la recherche d’Aspasie. Le soleil décline sur Athènes. Antonio marche dans les ruelles bordées de glycines. Derrière les débats des philosophes, il sent qu’il manque un pan entier de la parole démocratique. Il pense à celles qu’il n’a pas entendues.

Antonio, témoin de la démocratie épisode 4

Une voix l’appelle. Elle est calme, assurée. Aspasie, rhéteure brillante, compagne de Périclès, enseignante discrète dans l’ombre des maîtres.

Dialogue : Une autre Agora

Aspasie : D’aucuns te parlent d’idéal, d’autres d’équilibre… mais aucun ne t’a parlé de silence. Dans nos cités, la moitié du peuple ne parle pas.

Antonio (ému) : Vous voulez dire les femmes ?

Aspasie : Et les esclaves, les résidents, les enfants trop jeunes ou trop pauvres. On dit que la démocratie est le gouvernement du peuple… mais on n’a jamais vraiment défini qui est le peuple.

Antonio : En 2025, les femmes votent, s’expriment, gouvernent même. Mais la parité réelle, le respect des voix minoritaires… c’est encore un combat.

Aspasie (sourit) : Alors le combat est toujours là. Nous ne voulons pas que la démocratie nous donne uniquement la parole, nous voulons construire le podium.

Une leçon venue du silence

Antonio l’écoute parler d’éducation, de rhétorique, de citoyenneté vécue au quotidien. Aspasie formait des orateurs, conseillait Périclès, inspirait sans jamais être élue ni reconnue.

Elle lui tend une tablette de cire : « Note ceci, étranger : La démocratie commence lorsque chacun a le droit de se tromper, d’apprendre et de parler sans être jugé pour ce qu’il est. »

Antonio comprend que l’histoire a été écrite par des voix sonores, mais que les voix étouffées ont aussi forgé le monde. Dans les marges, se cache le futur.

Aspasie (v. 470–400 av. J.-C.)

Originaire de Milet, Aspasie s’installe à Athènes, où elle devient une figure intellectuelle influente du Ve siècle av. J.-C. Compagne de Périclès, elle fréquente les cercles philosophiques et aurait enseigné l’art du discours à Socrate. Réputée pour son esprit et son éloquence, elle incarne le rôle souvent oublié des femmes dans la vie intellectuelle athénienne. Dans le Ménexène de Platon, Socrate attribue à Aspasie la rédaction d’un discours funèbre pour les morts de guerre, où le peuple est présenté comme héros collectif, porteur de valeurs civiques et morales.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.