
AUTUN – Depuis le 18 juillet, la cinquième édition de la Biennale d’Art Sacré Contemporain d’Autun insuffle un souffle artistique inédit au cœur de la ville gallo-romaine. À mi-parcours, l’événement, qui se tient jusqu’au 10 août, rassemble plus de 60 artistes venus de 11 pays autour du thème des rites et des rituels, dans 11 lieux patrimoniaux habituellement fermés au public.
Entre mémoire et création
Parmi les œuvres remarquées, l’installation de Katâyoun Rouhi à la chapelle Saint-Hubert interroge les blessures de la guerre avec une sensibilité qui dépasse les frontières. « Nous n’allons pas faire la guerre, mais participer à la Biennale, ici, c’est déjà résister », confie l’artiste iranienne, évoquant l’art comme acte de mémoire et de paix.
Le programme vivant n’est pas en reste : douze soirées ont déjà animé les rues d’Autun. Du concert “De Profundis”, mêlant chant grégorien et musique contemporaine, à la performance “Verdire” portée par Alexia Bretaudeau, le dialogue entre spiritualité et modernité s’installe dans chaque recoin du patrimoine autunois.
La biennale se distingue aussi par sa mobilisation citoyenne. Près de 150 bénévoles, dont certains venus d’Irlande et des Pays-Bas, participent activement à l’organisation. Pour Birgit, venue des Pays-Bas, l’expérience dépasse le simple engagement : « Il n’y a pas que l’art qui est beau, il y a aussi le lieu. J’aime faire des choses à Autun, ne pas avoir le sentiment de n’être qu’une touriste. »
Sylvie, bénévole locale, insiste sur l’accessibilité de l’événement : « Je viens comme bénévole parce que j’aime l’art. » Une phrase qui résume l’esprit inclusif et chaleureux du festival.
Dans ses premières semaines, la Biennale d’Autun s’impose comme un carrefour entre création contemporaine et patrimoine sacré. Les jours à venir promettent d’autres fulgurances artistiques et rencontres inspirantes.
Zoom sur : Alexia Bretaudeau
Native d’Autun et diplômée de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg en 2010, Alexia Bretaudeau s’impose comme une figure singulière de la scène artistique contemporaine. À la Biennale d’Art Sacré d’Autun 2025, elle présente la performance “Verdire”, une œuvre immersive qui mêle poésie, corporalité et rituel, en résonance avec le thème de cette édition.
Son travail, à mi-chemin entre dessin et peinture, se distingue par une approche de la transparence et de la superposition. « Il existe des artistes chez qui l’essentiel est dans les superpositions transparentes, dont la peinture n’a pas plus d’épaisseur qu’une aquarelle ou une encre », écrit le critique Itzhak Golberg à propos de son style. Cette fluidité picturale crée des espaces intérieurs dans ses œuvres, invitant le spectateur à une contemplation presque méditative.
Influencée par des figures comme Cécile Bart et Sigmar Polke, Alexia explore les limites du visible et du suggéré. Elle affectionne les formats suspendus, les papiers translucides, et les installations qui demandent au public de tourner autour de l’œuvre, de l’appréhender avec le corps autant qu’avec le regard.
En parallèle de sa pratique artistique, elle enseigne à l’Université Populaire Européenne, où elle transmet sa passion avec bienveillance et expérimentation. Sa démarche, profondément ancrée dans le sensible, fait d’elle une voix singulière dans le paysage de l’art sacré contemporain.
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