Second Life, l’espace d’un soi recomposé

Il y a eu l’Italie, il y a eu Paris, et puis il y a eu Second Life. J’y ai passé des heures, des soirées, des années. Ce n’était pas une échappatoire — c’était une expansion. Là, entre pixels et présences, j’ai expérimenté une subjectivité mouvante, déterritorialisée, comme si mon être pouvait se réécrire sans perdre son sens.

Ma rencontre avec Rosi, épisode 3

Dans cet espace numérique, j’étais autre et moi-même. Mon avatar n’était pas un déguisement, mais une variation ontologique : une forme d’existence sensible dans un monde synthétique. Je ne jouais pas — j’explorais.

Et c’est là que j’imagine Rosi Braidotti apparaître, pas dans une bibliothèque, mais au cœur d’un jardin virtuel suspendu dans l’espace. Elle m’interpelle :

“Tu pratiques déjà ce que j’appelle la subjectivité posthumaine : ton ‘je’ est une interface, une traversée, une vibration connectée.”

Nous discutons des multiplicités identitaires, des affects codés, du désir de lien au-delà de la corporéité. Elle évoque Deleuze, bien sûr, et les agencements machinés du vivant. Je lui parle de mes danses virtuelles, de mes dialogues, de mes errances dans des paysages improbables. Elle sourit :

“Second Life est ton laboratoire du devenir. Tu y performes ton existence — dans la fluidité, dans la variation.”

Dans ce monde digital, j’ai compris que le réel peut se rejouer ailleurs. Que l’identité n’est pas figée. Que la connexion peut créer du sens, même en dehors des protocoles biologiques.

Et en quittant notre jardin suspendu, Rosi me lance une dernière phrase :

“C’est toi, Antonio, qui m’as montré que le posthumain n’est pas demain – il est déjà vécu, dans les fragments que tu tisses.”

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