Paris, le carrefour des luttes et des rêves

À 13 ans, j’ai quitté mon Italie natale avec mes parents pour m’installer en France. Je ne parlais pas un mot de français — mais je portais en moi un lexique intérieur fait de paysages rêvés, de désir de voyages, d’envies de monde.

Ma rencontre avec Rosi, épisode 2

Très vite, le militant que j’étais en devenir s’est éveillé. J’ai grandi en mots, en combats, en solidarité. Et des années plus tard, je suis devenu responsable syndical national, puis formateur syndical pendant cinq années intenses. Former, c’est aussi reformer le réel. J’ai eu la chance de voyager là où le français se vit sous d’autres latitudes : Papeete, Nouméa, les îles du grand Pacifique. Mon rêve d’Australie n’était plus un mirage — j’étais là, tout près, porteur d’une parole sociale dans des lieux qui semblaient appartenir à mon imaginaire d’enfant.

C’est dans ce contexte que je fantasme une rencontre avec Rosi Braidotti, à Paris, dans ce quartier des idées — elle venant de ses mondes philosophiques, moi des arènes syndicales. Dans ce dialogue, elle m’aurait dit :

“Antonio, ton parcours est une subjectivité nomade incarnée. Ton ‘je’ traverse les langues, les luttes, les latitudes. Ce que tu pratiques, c’est déjà du posthumanisme militant.”

Et moi, j’aurais compris que mes actions sociales étaient des formes de pensée vivante. Que voyager, enseigner, militer, c’est aussi philosopher — avec les gestes, avec les présences.

Ce soir-là, en quittant mon café habituel, je regardais les quais de Seine. Une idée me traverse : Mon militantisme était déjà philosophie. Je n’avais pas les mots, mais j’avais les gestes.

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