
La ville palpite encore sous l’effervescence du 11, mais déjà le 12 s’impose avec ses promesses. À Avignon, l’instant se vit en archipel : chaque rue, chaque cour, chaque regard croise une émotion, une interrogation ou un étonnement. Ce jour encore, le IN déploie ses toiles grand format, pendant que le OFF bouscule les règles et invente l’éphémère. Ce journal, fidèle à sa mission, pose son regard sur ce foisonnement. Entre les attentes du jour, les échos de la veille et les coups de projecteur, l’équipe tisse les voix et les visions. Place maintenant à ce que nous réserve cette journée…
Ce qui nous attend aujourd’hui…
La journée du 12 juillet déroule son tapis d’émotions et de surprises. Derrière les murs séculaires ou dans les interstices de la ville, les créations prennent la parole.
- Dans le IN, les artistes investissent les lieux mythiques. On attend “Ithaque – Notre Odyssée” à la Cour d’honneur : voyage entre mythe et mémoire, avec une scénographie annoncée comme audacieuse.
- Le Cloître des Carmes accueille “Respire !”, une pièce chorale sur la tension climatique et les espoirs citoyens.
- Dans le OFF, la liberté souffle plus fort : le hangar “Aux Impossibles” ouvre ses portes pour une série de performances hybrides.
- Spectacles de rue, solos en cave, lectures intimes… l’impromptu est roi dans les venelles avignonnaises.
Et parce que le théâtre est aussi regard, parole et résonance, notre équipe est là pour capter ce frémissement du jour. Lucie, Noura, Enzo et Bello prennent le relais pour une traversée sensible entre les lignes et les lieux.
Lucie — La Chair du monde, un cri sculpté
Sous les voûtes du Cloître Saint-Louis, Lucie s’est immergée dans La Chair du monde, création du metteur en scène Antonin Tavel. Ce drame polyphonique, joué à guichet fermé, déplie une anthropologie du corps en résistance.
“On ne touche pas au corps comme à une chose,” murmure une actrice dans la pénombre.
Lucie note : une scénographie minimaliste mais puissamment texturée — les corps sont matière, mémoire, territoire disputé. Entre cris retenus et silences dilatés, le public semblait suspendu, presque inquiet. Lucie interroge : que veut dire habiter un corps dans un monde fracturé ? À suivre dans sa chronique approfondie.
Noura — Les Murmures du bitume, théâtre de rue à l’os
Dans une impasse près de la rue des Teinturiers, Noura croise le collectif Rouge Pavé. Ils jouent Les Murmures du bitume, une fable sans mot, tissée de gestes et de bruit urbain : poêle qui grince, graviers qu’on racle, voix en off.
Son récit en trois images :
- Une femme allongée au milieu de la rue, son corps dessine un carrefour.
- Un adolescent en rollers traverse la scène, éclairé par un néon volé.
- Des applaudissements venus du balcon, comme des oiseaux qui répondent.
Noura laisse ses émotions brutes : ce théâtre est un battement. Elle nous promet un journal de bord à suivre, fait de ces sensations fulgurantes.
Enzo — Spectateurs à l’instinct
Micro à la main, Enzo a arpenté les ruelles avec une seule consigne : “parlez-moi de ce que vous venez de vivre.”
“J’ai pleuré sans savoir pourquoi. Peut-être à cause des ballons noirs qui flottaient partout.” (Mathilde, 26 ans)
“Un acteur du OFF m’a demandé de jouer un arbre. Je l’ai fait. Et j’ai aimé ça.” (Marc, 58 ans)
“Je suis venue pour ‘Respire !’ mais c’est le débat d’après qui m’a secouée. Est-ce ça, le théâtre ?” (Lamia, 34 ans)
Enzo compile les bribes, les rires, les silences après coup. Il propose une capsule audio en bonus : Voix d’Avignon, montage de ces instants suspendus.
Bello — Transit, art du bricolage incandescent
Bello est allé à la rencontre du collectif Transit, qui joue dans un garage prêté, derrière un vieux magasin de vélos. Pas de scène, pas de lumière pro, mais une énergie brute.
“On joue parce qu’on ne peut pas ne pas jouer.” dit Sophie, comédienne et décoratrice à ses heures.
Leur spectacle Petites apocalypses explore les fractures intimes après les grandes ruptures — guerres, séparations, exils. Bello capte les mécanismes d’une création sans filet : textes en construction, échanges collectifs, partage de repas et de colères. Il souligne l’impact de ces groupes marginaux sur le OFF : ils bousculent, ils inspirent, ils déplacent les lignes.
Notes d’Antonio — Brève politique
Le OFF est en fête, mais dans l’ombre des projecteurs, une tension sourde circule entre les pavés. Cette année encore, les interrogations autour de la répartition des subventions publiques cristallisent les débats. Certains artistes dénoncent une opacité persistante, d’autres une centralisation parisienne qui écrase les initiatives locales.
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