Tir de barrage européen contre l’espionnage antisyndical d’Amazon

Les responsables de trente-trois fédérations syndicales d’Europe ont demandé à la Commission européenne d’ouvrir une enquête sur les agissements « potentiellement illégaux » du géant mondial du commerce en ligne.

Communiqué Force Ouvrière

L a direction d’Amazon a voulu recruter des analystes de renseignement entrepreneurial (…) capables d’engager et d’informer les directeurs sur des sujets sensibles et hautement confidentiels, y compris les menaces d’organisations syndicales contre l’entreprise (…).

L’offre d’emploi plaçait ainsi l’activité syndicale au rang des sujets importants à analyser, au même titre que les groupes haineux, les initiatives politiques, les questions géopolitiques, le terrorisme, l’application de la loi et le travail organisé. Il était également spécifié que les analystes seraient basés aux États-Unis mais qu’il était fortement souhaité qu’ils maîtrisent une deuxième langue, dont la liste était donnée et dans laquelle figuraient l’espagnol et le français.

Depuis la publication de cette information début septembre par le magazine Vice News, Amazon a supprimé cette offre d’emploi et l’a qualifiée d’erreur… D’autres documents internes, également obtenus par Vice News, ont montré que l’entreprise surveille et analyse secrètement l’expression de ses employés sur leurs comptes privés Facebook. Et ce, y compris dans le but de déceler les projets de grève ou de manifestation, a souligné Amnesty International.

Une menace pour le modèle social européen

Le 25 septembre, trente-trois responsables d’organisations syndicales d’Europe (affiliées à la fédération internationale Uni Global Union), dont, pour la France, la fédération FO-Com, ont demandé à la Commission européenne d’ouvrir une enquête sur les activités potentiellement illégales d’Amazon à l’encontre de ses salariés en Europe. Nous ne voulons pas voir émerger une croissance de pratiques de démantèlement syndical en Europe telles qu’elles existent aux États-Unis, ont notamment écrit les responsables syndicaux.

Pour Olivier Roethig, secrétaire général de la branche européenne d’Uni Global Union, l’objectif est clairement de rompre les efforts des travailleurs pour former des syndicats et s’organiser collectivement pour obtenir de meilleures conditions de travail (…). C’est une menace pour le modèle social européen, qui est fondé sur la participation des travailleurs.

Charitable Amazon…

La première école maternelle de la Bezos Academy, du nom de Jeff Bezos, le P-DG d’Amazon, a ouvert ses portes le 19 octobre aux États-Unis. Cette classe n’est que le commencement, a annoncé le milliardaire qui a l’intention de financer, via son fonds caritatif, un réseau d’écoles maternelles privées gratuites dans lesquelles l’enfant sera le client. Tout un concept… Et toute une stratégie. En mars 2019, 1 800 mères de famille, salariées d’Amazon, avaient créé le groupe Momazonians. Confrontées à des rythmes de travail intenables, elles avaient réclamé la création de garderies par l’entreprise. Plusieurs médias avaient alors fait état de témoignages de salariées expliquant devoir cacher leur parentalité de peur d’être labellisées mères distraites et mises à l’écart de tout avancement. On peut aussi rappeler, comme autre exemple de l’attention portée aux enfants par Amazon, que des centaines de lycéens chinois ont été recrutés par Foxconn pour fabriquer, souvent de nuit, les appareils électroniques qu’il fournit à l’entreprise de Jeff Bezos, actuellement considéré comme l’homme le plus riche du monde.

Document produit par : Evelyne Salamero Journaliste à L’inFO militante