Gilets jaunes et violence de la marginalisation

Au loin l'Arc de Triomphe (Archives)

Le président français et le premier ministre lancent un appel à ne pas participer aux violences annoncées, pour samedi 8 décembre 2018, dans l’acte 4 des Gilets jaunes, peuvent-ils être entendus ?

L’humiliation engendre souvent la violence

La marginalisation touche déjà plus de 8,8 millions de personnes en France vivant sous le seuil de pauvreté monétaire. La crainte de cette pauvreté, la peur du déclassement, est à la base de la lutte des Gilets jaunes qui expriment leur solidarité aux français pauvres, en demandant une augmentation de leurs moyens d’existence, tout en revendiquant des moyens supplémentaires pour eux-mêmes afin de ne pas être marginalisés à leur tour.

Les propos successif du ministre et puis du président Macron ont été vécus souvent comme des humiliations et ont contribué au climat actuel de violence. Voici quelques-unes de ses phrases humiliantes :
17 septembre 2014 : Sur les dossiers que j’ai, il y a la société Gad. Vous savez ? Cet abattoir. Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées.
15 octobre 2014 inauguration d’une ligne de car : Les pauvres pourront voyager plus facilement
7 janvier 2015 : Il faut dans ce pays des jeunes qui ont envie de devenir milliardaires.
27 mai 2016 : Le meilleur moyen de se payer un costard, c’est de travailler.
29 juin 2017 : Une gare, c’est un lieu où l’on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien.
8 septembre 2017 : Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes.
12 juin 2018 : On met un pognon de dingue dans les minima sociaux.
29 août 2018 : Ce peuple luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n’est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement ! Encore que !

15 septembre 2018 : « Il suffit de traverser la rue pour trouver un travail » dit le président à un jeune chômeur…

Cette forme de mépris déstabilise et nourrit la violence.

Le président français Emmanuel Macron et le premier ministre Edouard Philippe lancent un appel à ne pas participer aux violences annoncées, pour samedi 8 décembre 2018, dans l’acte 4 des Gilets jaunes, peuvent-ils être entendus ?

Personne de raisonnable ne peut encourager la violence, mais ces deux personnages clés de la politique française doivent prendre conscience que le débat provoqué par les Gilets jaunes ne s’arrêtera pas Samedi soir.

En effet, pour les personnes qui vivent dans la précarité, la situation matérielle, mais aussi la place qu’elles occupent dans la société et la manière dont elles y sont perçues sont sources de violences humiliantes. Cette forme de mépris déstabilise l’individu tant sur le plan psychologique que social. Il est un frein à la cohésion sociale, voire source de comportements violents.

Les réponses à apporter sont certes matérielles, mais elles doivent aussi concerner la valorisation de la place d’une grande partie du peuple français face au groupe dominant dirigé par Emmanuel Macron, président de la République française.

Il y a urgence à considérer l’ensemble des français pour arrêter la violence, car la prochaine étape prévisible des Gilets jaunes et de s’en prendre à la caste dominante.

Laurent Joffrin de Libé dans son éditorial de ce jour  au titre évocateur «Qu’ils viennent me chercher !» disait Macron, ils viennent, termine ainsi : « Il arrive un moment où le social doit passer avant la finance. Surtout quand la maison brûle. »