La justice populaire n’est pas la même si on se nomme Ramadan ou Darmanin

Comment peut-on se permettre de réclamer justice lorsqu’on demande la démission ou la mise à l’écart de quelqu’un qui n’est pas condamné ?

Le débat sur Tarik Ramadan a dérapé

Voilà deux personnages publics qui n’ont rien à voir, sinon être questionnés par la justice pour démêler le vrai du faux concernant des affaires supposées de viols. Pourtant chacun d’entre eux devrait bénéficier de la même manière de la présomption d’innocence qui se fonde sur l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 de l’ONU. « Article 11. Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d’après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l’acte délictueux a été commis. »

Si quelques voix se sont élevées jusqu’à demander la démission du ministre, dans l’ensemble le débat ne dérape pas trop. D’ailleurs comment peut-on se permettre de réclamer justice lorsqu’on demande la démission de quelqu’un qui n’est pas condamné ?

Pour ce qui concerne Tarik Ramadan, le débat non seulement a dérapé mais nombreux sont ceux qui n’hésiteraient pas à « le lapider » s’ils le pouvaient. C’est l’hystérie collective qui s’est mise en mouvement contre celui que l’on nomme facilement « le prédicateur islamiste ». Il faut dire que Ramadan fait vendre, quel que soit le média utilisé.

Ainsi j’ai confirmé il y a quelques heures une information indiquant que M. Ramadan n’était pas au Qatar. Ce matin un journaliste m’a demandé si j’étais certain de mon information, car une personne lui indiquait le contraire. Au-delà du fait que toute information est faillible, quelques instants plus tard, mon information s’avérait exacte. Tarik Ramadan était dans les locaux de la police parisienne pour y être interrogé selon la procédure habituelle et donc considéré en garde à vue pendant 48 heures, ce qui ne préjuge en rien de sa culpabilité.

Les médias sont parfois pressés

Il y a quelques minutes, une journaliste d’un média anglais m’a demandé de lui apporter quelques précisions sur mes informations et ma vision de cette affaire. Pour avoir un peu vécu, à plus de 62 ans, j’ai pris l’habitude avant ou après une discussion avec un journaliste, d’écrire sur notre site l’essentiel de ce que j‘ai indiqué.

Voici donc ce que je réponds à cette journaliste d’un média anglais :

1 – Est-ce que je peux demander, comment le savez-vous?

Réponse : En suivant depuis 5 ans l’actualité du Qatar avec le temps on finit par avoir quelques entrées. Bien évidemment il ne serait pas correct pour mes informateurs de citer leurs noms.

2 – Pourquoi est-il interdit ?

Ce que craint le Qatar est une collusion mise en avant par ses nombreux ennemis comme : faire le lien avec ce qui s’est passé à l’ambassade du Qatar en France, une condamnation pour viol, aux Prud’hommes, pour un de ses employés, voire une assimilation entre les Frères Musulmans, Tarik Ramadan et le Qatar.

Dans le contexte actuel dans le Golfe, le Qatar doit être plus que jamais attentif à ne pas prêter le flanc aux critiques qui détruisent son image de marque et sa réputation.

Pour l’instant, il attendre que la justice dise le droit, il faut donc une certaine patience, bien évidemment ceci n’est pas compatible avec ce que doivent produire les médias pour gagner leur pain quotidien. Ceci n’est pas notre cas et comme dirait Macron, nous sommes les maîtres des  horloges.