Doha 11 janvier 2018, Tamim dans la galère

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Tamim al Thani est-il l’homme du futur pour le Qatar ?

Une arrivée au pouvoir précoce

Lorsque les deux Hamad, l’émir et le premier ministre du Qatar ont laissé le pouvoir au jeune Tamim al Thani, au mois de juin 2013, celui-ci n’était pas prêt à assumer cette tâche. Feu le roi Abdallah et Obama avaient imaginé pouvoir maîtriser le Qatar en changeant de dirigeant. Ils pensaient que Tamim serait plus malléable, notamment pour ce qui concerne la politique étrangère du Qatar, qui était à l’origine de nombreux problèmes dans le Golfe persique et au Moyen Orient voire en Afrique du Nord.

De nombreux mois durant, Tamim s’est rapproché de l’Arabie saoudite, en particulier du roi  Abdallah, nous écrions à l‘époque, le paquebot qatarien va s’écraser sur les côtes saoudiennes. Les rapports des services secrets saoudiens indiquaient pourtant que derrière les apparences, les deux Hamad étaient toujours à la manœuvre et Tamim avait bien du mal à s’exprimer.  Que pensait réellement Tamim bin Hamad al Thani ?

Echapper à l’étreinte des deux Hamad et s’affirmer

Le jeune Tamim avait une quinzaine d’années en 1995, lorsque son père Hamad bin Khalifa al Thani avait débarqué son propre père, le grand-père de Tamim, l’émir du Qatar. Hamad bin Khalifa devenu émir, le Qatar avait connu un progrès exceptionnel et d’une certaine manière un premier pas vers la modernité, le peuple qatarien ayant un peu plus la parole. Le nouvel émir Hamad entouré de son premier ministre avaient une ambition indescriptible et ont fait partager cet appétit au jeune Tamim. Celui-ci a été associé très tôt en tant que Prince héritier à toutes les manœuvres et financements qatariens par le monde. Mais en juin 2013, lorsque les deux Hamad sont pressés de laisser la place, Tamim n’était pas prêt à diriger le Qatar.

Il lui a fallu se dépasser pour gouverner un état du Qatar lancé à grande allure économique, rassurer les saoudiens et échapper progressivement à l’étreinte familiale des deux Hamad. Des engagements ont été pris en 2013 et 2014 avec ses voisins, en particulier avec l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, pour une politique étrangère moins expansionniste. Or sur le fond, Tamim partage la vision des deux Hamad, le Qatar ne peut pas être seulement un médiateur qui par son carnet de chèque règle les différents au Moyen Orient et au-delà.

Des engagements pris au sein du CCG par Tamim non respectés

 Tamim dans la galère

Ce qui devait arriver, arriva. Les voisins Arabie saoudite, Emirats arabes unis, le Bahreïn et aussi l’Egypte, ancien allié du Qatar qui était passé dans les mains du maréchal président al Sissi, voyant que Tamim prenait le même chemin que les deux Hamad, ces quatre pays, lancèrent une opération de déstabilisation du Qatar, grâce à l’aide du nouveau président américain, Donald Trump. Ils n’eurent pas de mal à convaincre Trump, en lui montrant les accords et engagements passés non appliqués. Le président américain ne donna toutefois pas l’autorisation d’envahir le Qatar, car il préférait fournir des armes à l’ensemble des belligérants et puis il a une base américaine sur le sol qatarien, le passé a démontré qu’avec les saoudiens cette présence n’est pas assurée.

Base Al Udeid au Qatar

Pour résister au boycott partiel qui fut mis en place dès le 5 juin 2017, notamment par la fermeture de la frontière terrestre saoudienne, l’interdiction d’accès aux ports des Emirats arabes unis et du survol des pays du quartet, l’émir Tamim mit en place une campagne de communication exacerbant l’hyper nationalisme et  sacralisant sa personne.

Huit mois plus tard, le Qatar n’ayant pas réussi à restaurer une confiance avec le quartet, ne voyant aucune issue à cette crise, s’enfonce dans une agitation médiatique conduisant inexorablement à l’impasse.

Le détournement de sommes considérables de l’économie réelle pour un armement excessif et un interventionnisme planétaire vient de créer une révolte en Iran qui finira par atteindre aussi le Qatar.

Combien de temps encore le peuple qatarien et certains expatriés feront confiance à l’émir Tamim ? Le désenchantement est probablement déjà en marche au Qatar !