L’OIT et le Qatar font bon ménage

La création d’un centre pour aider à gérer les risques que le sport fait peser sur les droits humains n’apportera rien de concret aux travailleurs.

Un machin de plus bien loin des intérêts des travailleurs

Le Qatar adore participer à des organismes, même s’ils ne servent à rien, cela lui permet au moins de communiquer faute de changer réellement le sort des travailleurs dans son pays.

Dire que le Qatar ne fait rien serait une grossière erreur, mais entre son discours lénifiant et la réalité il y a un gouffre que les autorités de ce pays ne comblent pas. Le Qatar n’hésite plus à assener haut et fort son refrain bien connu, nous réalisons des progrès en matière de bien-être des travailleurs. Comme il n’hésite plus à participer à des colloques ou projections de films comme The Workers Cup, le « Mondial des ouvriers ».

Le meilleur spécialiste du discours qatarien est le responsable de la Coupe 2022 au Qatar, Hassan Al Thawadi. S’il n’était pas très crédible jusqu’à il y a quelques semaines, depuis que l’OIT a rejeté la plainte contre son pays  et passé un accord pour cogérer le droit social et les droits de l’homme au Qatar, tout ce qu’il dit désormais, est parole d’évangile.

La création d’un centre pour aider à gérer les risques que le sport fait peser sur les droits humains est un machin de plus qui n’apportera rien de concret aux travailleurs. La question simple qu’il faut se poser est la suivante. Combien de membres de ce centre auront travaillé au moins un mois sur un chantier au Qatar ? La réponse est d’évidence, aucun. Et comme d’habitude ce sont des « costards cravates » qui vont dire ce qui bon pour des travailleurs exposé à des dangers climatiques, de durée du travail sans fin, n’ayant pas un lieu de repos pour reconstituer leurs forces… Vous me direz, mais il y a l’Inspection du travail ? Voici la vision de l’inspection du travail selon le Qatar et l’OIT voire de certains syndicats.

L’inspection du travail au Qatar en dehors du coup

Un accord vient d’être signé au siège de l’OIT entre l’Internationale des Travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB) et la société qatarie QDVC appartenant à 51 % à Diar Real Estate Investments Company et  49 % à VINCI Construction Grands Projects. Un accord salué par beaucoup d’organisations mais qui selon nous prend acte de l’incompétence de l’Inspection du Travail du Qatar.

Selon un communiqué émanant de Vinci, « … Cet accord prévoit un système étendu de suivi, de reporting, de contrôle, d’inspection et d’audit sous l’autorité d’un groupe de référence composé de représentants des trois parties. Ces dernières passeront en revue tous les aspects de la mise en œuvre de l’accord. »

Ce qui nous fait dire : L’entreprise qatarie QDVC crée ses propres instances de contrôle et d’inspection du droit applicable dans son entreprise. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Est-ce la nouvelle règle en matière d’inspection du travail au Qatar ? Les grandes entreprises disposant de leur propre inspection et contrôle de l’application des lois et accords sur le travail  et les autres sociétés restant sous l’autorité de l’Inspection du travail du Qatar?

Décidément l’OIT et le Qatar font bon ménage !