Tamim le qatari

L’émir du Qatar est égal à lui-même, un zeste de provocation, un zeste de résistance et une petite chandelle tremblotante au loin  qui montre la porte du dialogue.

Celui qui déplace la montagne, c’est celui qui commence à enlever les petites pierres. (Confucius)

La presse ce matin met en avant, assez souvent, une des phrases prononcées par l’émir Tamim bin Hamad al Thani, devant la 46e édition de l’Advisory Council, «Nous ne craignons pas le boycott de ces pays contre nous, nous sommes mille fois mieux sans eux ». Tamim montre ici une partie de lui-même, son coté provocateur. Qu’il aille au bout de ses paroles et qu’il sorte du Conseil de Coopération du Golfe, comme nous lui avons demandé. Comment peut-il vouloir continuer à rester dans cette instance alors qu’il ne partage plus grand-chose avec trois de ses membres, l’Arabie saoudite, Emirats arabes unis et Bahreïn ?

Tamim s’est ensuite drapé dans un rôle de super résistant qu’il a mis en scène, après les premières semaines  de la crise dans le Golfe. Enfermé dans ses blockhaus, sans s’exprimer, il a fait monter le désir au sein d’une partie de sa population. Ses équipes de communication ont fait le reste. Il peut maintenant déclarer : « Les mesures prises par les boycotteurs du Qatar visaient à créer en premier lieu un choc politique, affectant la stabilité du Qatar et nous forçant à accepter la tutelle et à céder notre indépendance. Ensuite, ils sont passés à un deuxième plan qui est toujours appliqué. Cela pourrait se résumer à une tentative de nuire à notre économie. Mais ils ont commis une erreur dans leur évaluation de la volonté du peuple qatari et de l’État, ainsi que dans leurs estimations de notre économie. »

L’émir Tamim bin Hamad al Thani n’oublie pas d’associer toute la population qatarie à son acte de résistance, afin d’essayer de rassembler l’ensemble de ses sujets.

Pour renforcer cette unité qui est loin d’être acquise, il affirme vouloir continuer les sept chantiers entrepris depuis quelques années :

1 – Achèvement des lois et des décrets nécessaires pour faciliter l’investissement, réduire la bureaucratie et réformer le système bancaire pour être compatible avec les tâches principales auxquelles nous sommes confrontés dans la nouvelle étape de la construction de l’économie et de l’État.

2 – Achèvement de projets de sécurité alimentaire et hydrique, le développement de nouvelles industries et services nécessaires pour répondre à toute éventualité, et la mise en œuvre de constructions et d’installations essentielles pour l’industrie pétrolière et gazière.

3 – Elargir les relations économiques et commerciales existantes et développer de nouvelles relations bilatérales.

4 – Achèvement des projets d’infrastructure en cours, ainsi que les projets de la Coupe du monde 2022, en ligne avec le plan de développement national et Qatar Vision 2030.

5 – Développement des ports maritimes et l’élargissement des accords conclus avec les compagnies maritimes internationales pour relier les ports du Qatar directement aux ports internationaux et améliorer la capacité de chargement et de transport de passagers de Qatar Airways.

6 – Accélérer la mise en œuvre de la stratégie touristique.

7 – Encourager le secteur privé à s’engager dans ces domaines et à les faciliter pour cela. Le secteur privé doit reconnaître ses responsabilités envers son pays.

Enfin, petite cerise sur le gâteau, l’émir du Qatar veut bien organiser des élections législatives dans son pays, alors qu’il avait tout fait pour s’y opposer.

Le célèbre Confucius disait « Celui qui déplace la montagne, c’est celui qui commence à enlever les petites pierres. » L’émir Tamim qui  laisse une petite chandelle tremblotante au loin  montrer la porte du dialogue, ferait bien toutefois de faire quelques propositions qui ne touchent pas à la souveraineté de son territoire.

Une occasion de plus de montrer que ce n’est pas le terrorisme qui lui est reproché qui est la cause de cette crise, mais bien des raisons plus obscures, dont l’objectif final est la mise au pas du Qatar que certains considèrent comme une partie de l’Arabie saoudite, ou une partie des Emirats arabes unis.