Le Conseil de Coopération du Golfe doit-il se réunir en décembre 2017

Pour avoir une vision commune dans l’ensemble des pays constituants le Conseil de Coopération du Golfe, (CCG), il faut des valeurs partagées et des pratiques similaires, lorsque ceci n’est plus le cas, il sert à quoi de se rencontrer ?

Il faut assécher les tuyaux du financement du terrorisme avant tout

L’émir Tamim bin Hamad al Thani en voyage en Indonésie déclarait vouloir régler le conflit par le dialogue. Il est peu probable que JokoWi (Joko Widodo), le président de la République d’Indonésie ait cru à cette fable. Lui qui remet de l’ordre dans son pays, n’apprécie que moyennement tout le bazar qui se déroule dans le Golfe persique.

Le prochain Conseil de Coopération du Golfe doit avoir lieu au Koweït. Un lieu neutre apparemment qui pourrait permettre  une discussion, mais voilà ce type de réunion n’est pas l’endroit idéal pour commencer un dialogue fructueux. Pour sortir de la crise actuelle entre l’Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis et Egypte contre le Qatar il doit y avoir un travail préparatoire sérieux et des avancées réciproques permettant aux deux parties de ne pas perdre la face.

Or, bon nombre d’interlocuteurs ne peuvent plus être les médiateurs. En premier lieu les USA. La venue de Rex Tillerson, le Secrétaire des affaires étrangères américain ne peut pas permettre de résoudre les différends entre les belligérants. Cette crise n’aurait jamais dû avoir lieu, le seul responsable  est Donald Trump qui a donné le feu vert à une envie pressante du quartet.  Tillerson avait cru qu’en faisant signer un accord sur la lutte contre le financement du terrorisme et en mettant en place un organisme de contrôle supervisé par son pays, il donnait le change aux boycotteurs du Qatar. Tel n’est pas le cas.

Chacun a compris que les réseaux de financement du terrorisme sont si complexes qu’il se passera un certain temps avant que toutes les sources soient taries. Chacun sait aussi que l’ensemble des pays du Golfe, directement ou indirectement ont financé de nombreux groupes d’islamistes qui parfois leur ont échappé, voire se sont retournés contre leurs financiers. La règle en la matière est simple, il faut que tous les pays qui financent ces « groupes » cessent simultanément les apports financiers, faute de quoi ces « groupes » se retournent contre leurs anciens pourvoyeurs de fonds qui n’assurent plus les paiements, car sans financements, ils sont livrés à une mort certaine face à leurs adversaires, alors quand on a plus rien à perdre, on frappe même la main qui vous a nourri.

Le puissant cri des boycotteurs, en particulier les saoudiens et émiratis, contre le Qatar, sur la fin des financements du terrorisme doit être entendu aussi à partir de ce raisonnement. Malgré l’accord signé avec les américains et l’effort des autorités qatariennes, des fonds pourraient encore parvenir pendant quelques temps à des groupes islamistes au Moyen Orient ou ailleurs.

La meilleure solution est encore de suspendre toute réunion sur le format actuel du CCG

Alors faut-il réunir le Conseil de Coopération du Golfe en décembre 2017 ? Pour avoir une vision commune dans l’ensemble des pays constituants le Conseil de Coopération du Golfe, (CCG), il faut des valeurs partagées et des pratiques similaires, or, ceci n’est pas le cas actuellement. La meilleure solution provisoire est encore de suspendre toute réunion sur le format actuel du CCG. Pour que la confiance revienne entre membres du CCG, il faut un peu de patience et le constat que les tuyaux du financement du terrorisme soient tous asséchés.

En outre le Qatar sait aussi que ceux qui crient ne sont pas à l’abri d’une erreur dans le financement des  groupes d’influences qui peuvent se transformer en groupes islamistes. Cela va demander du temps. Des pays comme l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis voire le Koweït ne maîtrisent pas tous les financements qui peuvent être détournés et parvenir à une mauvaise destination.

Une fois le financement du terrorisme maîtrisé, il reste encore de nombreuses questions à traiter. Il aurait été cent fois plus facile de traiter ces questions sans être dans une crise déstabilisatrice voulue par Donald Trump. Rex Tillerson le sait et a tout fait pour empêcher son président d’allumer cet incendie, mais à ce moment-là, il n’avait pas l’oreille du président américain.