La modification de la Constitution du 21 avril 2010 à Djibouti

Afin de mieux connaitre ce pays, nous nous sommes intéressés à un élément clé de la vie démocratique à Djibouti, la modification de la Constitution de 2010. Si on parle souvent des articles 23 et 24 touchant à la présidence de la République, d’autres éléments comme la suppression de la peine de mort, la place de l’Islam appelleront des commentaires de notre part ultérieurement.

Les articles 23 et 24 de la Constitution du 21 avril 2010 à Djibouti

Article 23

Tout candidat aux fonctions de président de la République doit être de nationalité djiboutienne, à l’exclusion de toute autre, jouir de ses droits civiques et politiques et être âgé de quarante ans au moins et de soixante-quinze ans au plus à la date de dépôt de sa candidature.

Article 24

Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours. Il est rééligible dans les conditions fixées à l’article 23.

Alors que dans le passé la Constitution prévoyait uniquement deux mandats, voilà que le président en fonction Ismaël Omar Guelleh peut désormais briguer d’autres mandats et aller jusqu’à 2026, les dernières élections ayant eu lieu le 8 avril 2016. Né le 27 novembre 1947, Ismaël Omar Guelleh aura seulement 79 ans en 2026, il est donc toute à fait possible qu’il modifie à nouveau la Constitution pour continuer tant que Dieu lui prête  vie. Ou alors, un peu de sagesse devrait lui permettre d’assurer sa succession.

Dans quelle ambiance la Constitution a été modifiée en avril 2010

Nous avons retrouvé un article de RFI du 20 avril 2010 qui résume bien la situation « Du côté de l’opposition djiboutienne, qui n’est pas représentée à l’Assemblée, on n’est évidemment pas du même avis. Pour Youssouf Ahmed, le président de l’Alliance républicaine pour le développement, cette réforme de la loi fondamentale n’a qu’un but : permettre à Ismaël Omar Guelleh d’occuper le fauteuil présidentiel ad vitam aeternam« Pour nous, c’est nul et non avenu. Nous étions opposés à la révision de la Constitution et au troisième mandat, affirme Youssouf Ahmed. Etre président à vie, c’est ce qu’il veut faire. Je crois que la réaction au sein de la population ne tardera pas ».

Le média jeune.afrique quant à lui rappelait :

« La limitation à deux mandats était un garde-fou qu’on a fait sauter et ceci ne présage rien de bon. C’est la porte ouverte à une présidence à vie », a ainsi estimé Suleyman Farah Lodon, vice-président du Mouvement pour le renouveau démocratique (MRD), un parti suspendu par les autorités djiboutiennes.

« Un troisième mandat, c’est très dangereux parce que ça va donner à certains Djiboutiens l’impression que le pays appartient à un clan ou à un homme, ce qui risque de provoquer des problèmes dont le pays n’a pas besoin », a déclaré de son côté Ismaël Guedi Hared, président de l’Union pour l’alternance démocratique (UAD) et ancien directeur de cabinet du premier président djiboutien, Hassan Gouled Aptidon.