Paris Doha 8 juillet 2017, un cauchemar dont on a envie de sortir

Comment depuis Paris on perçoit la crise dans le Golfe arabo – persique ?

On a vraiment du mal à y croire

Il y a quelques mois de cela, le ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, Adel al-Jubeir avait fait forte impression lors de sa visite en France. Par certains propos et attitudes il inspirait confiance. Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite depuis avril 2015, il donnait une « autre image » de son pays  souvent décrié, on parlait de « renouveau.»

Alors quand nous avons appris, le 5 juin au matin que l’Arabie saoudite et ses satellites mettaient en place un blocus à l’encontre du Qatar, en France on a eu du mal à le croire. Comment !  Adel al-Jubeir  pouvait-il rentrer dans ce processus qui téléportait l’Arabie saoudite au Moyen Age ? Une sorte de cauchemar se mettait en place, un cauchemar dont on a envie de sortir, se réveiller en disant « ouf ce n’est pas vrai ». Mais malheureusement, au réveil le cauchemar a rattrapé la réalité. Le Qatar vient d’être désigné comme un pays dangereux pour tout le Golfe arabo – persique. L’image Adel al-Jubeir  se brise comme un puzzle qui vous échappe des mains. L’Arabie saoudite revient à ses effrois !

En France l’image du Qatar n’est pas bonne, en premier lieu parce que un de nos concitoyen, Jean Pierre Marongiu est emprisonné depuis 4 ans, alors qu’il n’a jamais eu un procès équitable. La complicité de la diplomatie française est une honte et les dirigeants qataris incapables de comprendre à quel point cet emprisonnement heurte les français.

L’attitude de complaisance de l’ambassade du Qatar en France, envers de nombreux politiques, mise en exergue par le livre de Chesnot et Malbrunot, « Nos très chers émirs, » montre une image désastreuse des relations France –Qatar.

La convention fiscale avantageuse pour le Qatar et la famille royale est considérée par de nombreux français comme scandaleuse, au moment où ils subissent une fiscalité galopante…

La liste pourrait se prolonger pendant longtemps mais quand même, imaginer le Qatar s’aligner sur l’Arabie saoudite, c’est un franc retour en arrière sur les droits de l’homme, droits de la femme, la peine de mort…

Depuis la fenêtre d’un français ordinaire, cette crise parait incompréhensible. Après avoir mis le Yémen, sans dessus dessous, l’Arabie saoudite sème le désordre dans le Golfe arabo- persique. Comment un tel pays peut aspirer à être un leader dans le Golfe et au-delà, avec un tel comportement. Enfin, les thèmes choisis pour atteindre le Qatar ne paraissent pas crédibles, ni le financement supposé du terrorisme, ni le rapprochement avec l’Iran. En matière de financement du terrorisme, les français sont persuadés que l’Arabie saoudite fait pire que le Qatar. Et pour le rapprochement avec l’Iran ceci est du ressort de la souveraineté de chaque pays. Sur ce sujet les français comprennent mal cette haine entre l’Arabie sunnite et l’Iran Chiite. Ce cauchemar au sein du Conseil de Coopération du Golfe porte préjudice à tous les pays qui le composent.

Vu de France, le Qatar est responsable d’une grande partie de ce conflit par une implication trop importante dans de nombreux conflits au niveau mondial, par son arrogance sans bornes et ses fanfaronnades légendaires. Mais en utilisant un blocus qui conduira inévitablement à un conflit militaire, les saoudiens et alliés portent la lourde responsabilité d’avoir perdu leur sang – froid et d’entraîner de nombreux états dans une aventure qui peut s’avérer catastrophique.