Mohammed Ben Zayed Al-Nahyan, prince héritier d’Abou Dhabi

Associé très souvent au nouveau prince héritier de l’Arabie saoudite, le prétendant au trône d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed Al-Nahyan est-il en voie de déstabiliser les pays du Golfe ?

L’échec du Yémen ne lui a pas servi de leçon

On les appelle MBZ et MBS mais qui entraine l’autre droit dans une impasse ? Mohammed ben Zayed Al-Nahyan, 56 ans, le prince héritier d’Abou Dhabi et Mohammed ben Salman nouveau prince héritier d’Arabie saoudite, depuis deux ans ont décidé de remodeler le Golfe et peut être même le Moyen Orient. Cet ambitieux projet commence mal puisqu’ils sont englués dans une sale guerre au Yémen dont ils n’arrivent plus à se sortir malgré des moyens considérables.  Non contents de cet échec, ils ont décidé de faire le siège du Qatar et comme pour le Yémen, l’affaire semble mal enclenchée.

Les reproches faits au Qatar sont connus, MBZ et le ministre émirati des Affaires étrangères Anwar Gargash parcourent la planète racontant la même chose. Dans le média « Lecho.be » voici ce que Gargash dit : «le problème, c’est que le Qatar utilise des ressources financières considérables, a été de manière régulière l’un des grands soutiens de groupes djihadistes, d’une manière très opportuniste

Ce que Anwar Gargash et MBZ reprochent au Qatar, c’est de ne pas tenter de résoudre le problème comme le font les saoudiens. On retrouve aussi des éléments anciens, comme le soutien au Hamas, aux Frères Musulmans notamment parce que ces derniers tentent d’affaiblir l’Egypte, l’accueil des extrémistes comme les talibans et autres, le financement d’Al Nosra, le parti pris de Al Jazzera qui pousse à la haine parfois et enfin, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, la rançon pour libérer des qatariens retenus prisonniers en Irak, dont des membres de la famille royale.

Cette rançon dont on ne connait pas le montant précis à particulièrement « énervés MBZ et MBS.» A écouter ce qui est dit notamment par les émiratis, on pourrait penser que des qatariens ont été fait prisonniers « volontairement,» pour pouvoir ensuite payer une rançon à des bandits qui finalement seraient des djihadistes. Nous avions en son temps dénoncé l‘attitude irresponsable des qatariens qui étaient partis chasser en Irak, mais cela serait un peu fort de café si le Qatar, habitué à payer pour les autres des rançons pour faire libérer des otages ou prisonniers, n’ait rien tenté pour les siens.

Nous sommes convaincus que le Qatar pourrait, pour chaque reproche apporter son explication, mais sans doute il ne convaincrait pas ceux qui ont initié la crise du 5 juin 2017. C’est bien cet ensemble d’événements qui a poussé l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l’Egypte à cette offensive pour dénoncer « le supposé double langage » du Qatar. Ce qui est ennuyeux c’est qu’au niveau international, il y a incompréhension, car le travail pédagogique n’a pas été fait préalablement, en tout cas il n’a pas été entendu. Tout comme la guerre du Yémen qui jette l’opprobre sur l’Arabie saoudite et ses alliés, le blocus partiel du Qatar, reposant sur la dénonciation du financement du terrorisme par ce pays et le rapprochement avec l’Iran ne parait pas crédible. L’intervention de Donald Trump par ses tweets «excessifs» contre le Qatar et la signature du contrat pour la vente des F-15 a ruiné un peu plus l’opération conduite par l’Arabie saoudite et ses alliés.

MBZ et MBS apparaissent à la suite de ces deux événements pour de piètres stratèges. On s’interroge pour savoir qui entraîne l’autre ? Le plus complexe dans l’affaire du Qatar est de trouver une porte de sortie. Que feront ces deux dirigeants si le Qatar refuse toute négociation et va au clash en invoquant une atteinte à sa souveraineté ?

 Enfin sur le fond, croire que le terrorisme, tant au Moyen Orient que dans le reste du monde, peut disparaître parce que le Qatar mettra un genou au sol, semble être une vision erronée de la question. La transparence est nécessaire pour le Qatar et pour tout pays du Golfe. Si demain une surveillance doit être exercée sur les flux financiers du Qatar, elle devra s’appliquer à tous les pays du Golfe de la même manière et plus largement à la communauté internationale. En outre, il est urgent de s’interroger pourquoi tant de jeunes et non seulement dans le Golfe vont jusqu’à renoncer à leur vie pour détruire ce monde qu’ils rejettent.

Mohammed ben Zayed Al-Nahyan au lieu d’être l’élément capable de réunir MBS et  l’émir Tamim, participe à son tour à la « saga de l’été 2017. » Tous les trois feraient bien de se mettre au travail et faire émerger un projet global qui apporterait les éléments idéologiques permettant à la jeunesse de résister à toute forme de terrorisme tant religieux qu’économique ou politique ».