Djibouti, la crise du golfe peut-elle déclencher une autre crise à la corne de l’Afrique ?

Nous donnons la parole à un de nos lecteurs qui donne sa vision de ce qui se passe à Djibouti.

Djibouti : trop des questions qui attendent des réponses

La crise frontalière qui a éclaté entre Djibouti et Érythrée en 2008, a été jusqu’à ici contenue grâce à l’interposition du Qatar qui a déployé ses militaires entre les belligérants. La récente crise du golfe entre le Qatar et l’Arabie saoudite soutenue par certains africains dont Djibouti et Érythrée, amène le Qatar à retirer ses troupes d’interposition. Ce retrait réanime le conflit latent entre Djibouti et Érythrée qui ont pourtant choisis de se ranger tous les deux dans le camp l’Arabie Saoudite.

Pour ces deux dictatures, le conflit frontalier est un moyen de mater leurs oppositions internes, en les accusant de soutenir l’autre. Pour autant, l’évolution des tracés des frontières comme certains le prétendent, est très préoccupante, voire dangereuse et surtout synonyme d’une escalade dont les conséquences seront dramatiques pour la population de cette région très pauvre.

En dehors, des vociférations des agents de propagande de deux régimes, des questions restent à poser à ces régimes et à la communauté internationale :

  • Pourquoi Djibouti a choisi de prendre le parti de l’Arabie saoudite, alors qu’une position de neutralité aurait préservé ses intérêts et les bonnes relations avec les deux pays frères ?
  • Pourquoi ce conflit n’a- t-il pas trouvé solution pendant près de 10 ans, alors que les deux pays parlent de solution pacifique ?
  • Comment se fait-il que les troupes qatariennes soient les seules à faire cette d’interposition entre les belligérants ?
  • Suite au rejet d’Asmara des résolutions 1862 (2009), 1907(2009) et 2023 (2011) de l’ONU, pourquoi le conseil de sécurité n’a pas donné suite ?
  • Djibouti a des accords de défense avec les pays qui ont des bases stationnées à Djibouti, comment se fait-il que les clauses de ces accords impliquant la défense du territoire djiboutien ne sont pas activées si les prétendues expropriations des territoires djiboutiens par Érythrée sont avérées?
  • Pourquoi, la communication de la diplomatie djiboutienne est assez floue, on a l’impression d’entendre tout et son contraire ?
  • Pourquoi l’Érythrée, parle de régler le « problème pacifiquement, alors qu’il a pris par la force une partie du territoire djiboutien »? Isaias Afwerki considère-t-il Doumeira comme sa « Crimée » ?
  • Le régime djiboutien va-t-il réorienter sa diplomatie vers plus des liens avec les pays amis et moins des rétro-commissions ?
  • Dans l’optique d’une guerre avec son voisin surarmé, le régime djiboutien va-t-il ouvrir l’espace politique avec un peu plus de démocratie et de respect des droits de l’homme pour créer une unité nationale, ou va-t-il encore fermer d’avantage pour humilier son peuple et son armée ?
  • L’opposition djiboutienne aura-t-elle le moyen de s’exprimer pour préserver l’intérêt général du peuple djiboutien face à la politique « kleptomane » du régime djiboutien ?
  • La proposition d’interposition de l’Égypte a-t-elle une chance d’aboutir lorsqu’on connaît le différend entre celle-ci et l’Éthiopie ?

Il semble clair que la diplomatie djiboutienne tournée vers le dollar est dans une impasse sans précédent. A qui faut-il demander de l’aide lorsqu’on amène chez soi des grandes puissances qui sont ennemies entre elles ?