Les saoudiens et les émiriens ont perdu la partie contre le Qatar

Quand on commence un conflit on se donne les moyens de le gagner ou alors on ne le commence pas. L’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn finiront par trouver un compromis comme d’habitude avec le Qatar car la pression internationale s’organise.

Le Qatar n’est pas seul au monde comme certains l’écrivent

Pourquoi diable, l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn se sont embarqués dans un conflit préparé à l’avance mais pas sérieusement,  contre le Qatar ? Quand on commence un conflit, on se donne les moyens de le gagner ou alors on ne le commence pas. Au bout de 48 heures les dés étaient déjà jetés. Il y a beaucoup de personnes qui sont agacés par ce petit pays, le Qatar et il est de bon ton de le voir déjà écrasé par la puissance saoudienne. Regardons les faits.

Il y a déjà l’oncle Sam qui prend de la distance car le bouleversement contrarie l’intérêt américain. Bien sûr il y a eu les tweets de Trump mais qui en parle encore après l’accord sur la vente des 36 F-15 ?

Il est aussi très intéressant de remarquer que la presse saoudienne et émirienne hausse le ton, auraient-ils déjà compris que tout était fini ? Il facile de faire interdire un média comme Al Jazeera car il est parfois excessif, mais après il faut assurer et informer. Or quand on est aussi excessif qu’Al Jazeera dans ses écrits, finalement les gens préfèrent l’original à une mauvaise copie.

Les deux thèmes qui ont été abondement mis en avant sont :

1 – le financement du terrorisme et l’hébergement de certains individus et entités dont une liste a été produite.

2 – le rapprochement avec l’Iran en octroyant à l’émir Tamim des propos qu’il aurait tenu alors qu’il a affirmé le contraire.

Rien de neuf sur le premier thème et un peu enfantin sur le second, l’objectif général était d’isoler le Qatar au niveau international pour lui porter éventuellement l’estocade finale.

La mise au ban du Qatar n’a pas fonctionné au niveau international malgré les pressions sur quelques états « faibles,» parce que, pour jeter la première pierre il faut être soi-même au-dessus de tout soupçon, ce qui n’était pas le cas pour les pays ayant initiés le conflit contre le Qatar. Quant au sujet de l’Iran, chacun sait au niveau international, la haine de l’Arabie saoudite contre ce pays et pour les Emirats Arabes Unis ils sont économiquement bien plus en cheville avec les iraniens que l’est le Qatar. Enfin de vieilles histoires sont sorties des placards qui n’intéressent plus personne.

Remarquons au passage, la sagesse du jeune émir du Qatar qui nécessairement s’est mis à l’abri afin d’éviter un accident regrettable, mais surtout qui a évité de parler afin de ne pas alimenter les « polémiques » qui étaient prêtes. Notre seul regret c’est qu’il ne s’est pas adressé à son peuple pour le rassurer. En conclusion provisoire : les deux thèmes choisis pour déconsidérer le Qatar on fait « pschitt,» le rejet international n’a pas eu lieu et Trump pour l’instant a sordidement abandonné ses amis de quelques jours.

L’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn peuvent-ils engager un conflit armé dans ces conditions ?

Là encore certainement pas ! Deux semaines après le début de la crise, c’est trop tard. Les belligérants pensaient à tort que le Qatar était seul au monde. Il est clair que le Qatar n’est pas toujours apprécié et que pour beaucoup, ce n’est qu’un château de cartes construit sur du sable. Force est de constater qu’il s’est depuis quelques années enraciné bien plus que certains experts pensent.

Le Qatar a-t- il utilisé tous les moyens dont il dispose pour assurer sa défense ?

Il a donné quelques indications qui devraient être méditées :

  • comme le retrait des troupes de Doumeira
  • ou la fermeture de ses usines d’hélium

Il lui reste de nombreux moyens non exploités pour l’instant mais il ne sera sans doute pas nécessaire de les utiliser. Les grands états au niveau mondial ont compris qu’ils n’avaient rien à gagner si le Qatar devenait une province de l’Arabie saoudite. Ils avaient même beaucoup à perdre. L’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn finiront par trouver un compromis comme d’habitude avec le Qatar car la pression internationale s’organise.

Le Qatar doit faire d’immenses progrès pour se rapprocher des normes internationales et il est probable qu’il mettra plus de temps que certains souhaiteraient.

Il y a une chose que le Qatar devrait retenir de ce conflit « irrationnel..» Nous l’avons répété depuis des années, à chaque pas qu’il fait vers l’Arabie saoudite, il perd de sa souveraineté et se met en danger. Son seul salut est de se fondre au niveau planétaire comme il l’a entrepris, d’aller dans le sens du progrès car s’il se referme sur le Golfe il est condamné.