Des bourgeois de Calais à la jungle de … Doha

C’est une délégation de près de quatre mille otages que l’ambassade de France à Doha a remis aux mains d’un bédouin pétrolier.

 De 1346 à 2017

Il est tentant de penser, pour peu que l’intérêt de la nation nous importe, que les français constitueraient pour la classe dirigeante, la part du feu. Cette portion du patrimoine que l’on sacrifie dans l’émirat au nom d’intérêts économiques français supérieurs, dans le seul but de préserver les privilèges de certains. On peut aussi imaginer que la haute trahison de nos élites et leur soumission à un émir d’opérette n’est que la résultante d’un rapport de force…économique. Il est tellement humain de lécher la main qui nous bat car c’est également celle qui nous nourrit.

On peut aussi légitimement comprendre que les partis UMP/ PS ont durement œuvré afin de construire  au Qatar une structure autorisant des activités résolument anticonstitutionnelles sur le territoire de la République.

Les perspectives du projet d’asservissement de la communauté française au Qatar, projet « porté » par  son « excellence » l’ambassadeur Peaucelle n’est pas sans rappeler le sacrifice des bourgeois de Calais.

 Quand Jean de Vienne, pressé par la population de Calais assiégée, demanda à parlementer avec le roi anglais sur la reddition de Calais à condition d’épargner la population et la garnison. Édouard III exigea que six bourgeois viennent en chemise, pieds nus et la corde au cou lui remettre clés de la ville.

C’est une délégation de près de quatre mille otages que l’ambassade de France à Doha a remis aux mains d’un bédouin pétrolier.

Cet asservissement revêt la pureté diplomatique nécessaire aux apparences médiatiques et autorise quelques largesses envers les Judas de la République.  Les fonds transportés vers la France, le Liban ou ailleurs, à dos de ministres porteurs de valises diplomatiques, ont depuis facilité quelques scrutins électoraux.

 Les diplomates se chargent ainsi de la « logistique et de la protection des affaires » sous la tutelle des parrains présidentiels.

 Les Qatariens sont-ils complices et initiateurs de ce système ou bien sont-ils simplement des collectionneurs d’élites françaises soumises et ravies de l’être ?

 Pour le décorum, quelques sourires béats, un ambassadeur potiche, des inaugurations pompeuses, des remises de légion d’honneur, des faux-avocats, la création d’un groupe factice d’amitié France-Qatar à l’assemblée … dans les coulisses les instruments de l’esclavage d’un peuple.

 Des magistrats et une cour de justice qui outrepasse la justice légale. Un ambassadeur s’attribuant le rôle du juge Roy Bean et s’octroyant ainsi le pouvoir absolu sur ses compatriotes expatriés. 

 Les affaires d’otages français du Qatar en 2011, 2012 et 2013, auraient dû normalement déboucher sur une instruction judiciaire ; c’était sans compter un Quai d’Orsay autocratique qui décida unilatéralement qu’il ne s’agissait que cas privés et négligeables.

 Dans le Gulf-Times du 26 octobre 2013, l’ambassadeur Peaucelle scellait le sort de ses compatriotes en déclarant qu’à l’aulne de l’excellence des relations entre la France et le Qatar, les drames vécus par quelques individus étaient « inférieurs à un petit caillou dans la chaussure ».

 Protégé par un système diplomatique félon, les actes de haute trahison de ce criminel n’ont pas été sanctionnés. Il continue de couler paisiblement ses jours comme conseiller aux affaires religieuses du ministère des affaires étrangères. 

Ses victimes, elles, continuent de souffrir, dont Jean-Pierre Marongiu, qu’il a fait incarcérer à Doha depuis le 9 septembre 2013.

D’évidence, les méandres de la diplomatie française au Qatar constituent une jungle.

Il est ironique que l’on vienne d’en démanteler une sur le sol français… à Calais !

Ecrit par Y. P. le 28 mai 2017