Yémen un enlisement inévitable

Pour qu’une négociation aboutisse les deux parties doivent escompter gagner quelques chose. Les frappes de la coalition arabo-sunnite ne font que renforcer les milices yéménites chiites et autres groupes aux diverses aspirations territoriales. L’Arabie saoudite se devait d’intervenir, mais n’offre pas de porte de sortie raisonnable. L’enlisement est inévitable.

 

L’évacuation des ressortissants étrangers du Yémen ne présage rien de bon

La Chine vient après l’Indonésie et beaucoup d’autres, d’annoncer être en voie de rapatrier tous ses ressortissants du Yémen. Ceux –ci sont en général soit acheminés à Djibouti juste en face du Yémen soit repartent directement dans leur pays par voie maritime et ensuite par avions. L’évacuation des ressortissants étrangers du Yémen ne présage rien de bon.

Sur le terrain les Houthi, habitués depuis des décennies à livrer bataille, comptent leurs morts suite aux attaques aériennes de la coalition arabo-sunnite, mais au sol ils conquièrent de nouveaux territoires. Bien au-delà de leurs objectifs initiaux. Chacun sait qu’une fois la propagande dépoussiérée la réalité de l’efficacité des frappes aériennes est à démontrer. Ce type de conflit lorsqu’il dure plus de 8 jours, peut se transformer en une guerre sans fin. Il doit être suivi par une lutte au sol, s’il veut vraiment être efficace. Or, comme par le passé, les milices chiites Houthi et les autres yéménites pourraient défaire plus d’une armée étrangère.

Certains parlent de négociations, « il faut trouver un accord politique », mais pour cela il faut que tous les belligérants se retrouvent autour d’une table pour discuter. Pour qu’une négociation aboutisse les deux parties doivent escompter gagner quelques chose. Mais au Yémen peut-on parler de deux parties ? Des voix s’élèvent dans le Sud pour revenir au Yémen du passé, en deux parties indépendantes. Les Houthi quant à eux demandent depuis longtemps « une réelle autonomie ». Le clan Saleh qui a dirigé le Yémen plusieurs décennies, espère retrouver le pouvoir et le président légitime Hadi, même s’il n’a pas la consistance pour soulever des troupes et diriger, souhaite revenir pour commander un pays qui n’existe plus…

L’Arabie saoudite se devait d’intervenir, avec une coalition ou pas, mais à ce jour n’offre pas de porte de sortie raisonnable. L’enlisement est inévitable.