Qatar et Turquie font alliance

La création d’un Comité Stratégique Suprême entre le Qatar et la Turquie le lendemain de la fête nationale à Qatar est bien plus qu’un symbole, c’est une alliance. Le Qatar veut défaire la corde qu’il a été obligé de se mettre autour du cou en signant un accord d’entente avec les autres pays du Golfe. La Turquie vient de signer un important accord avec la Russie, le Qatar ira-t-il jusque-là, alors que l’Arabie saoudite veille sans oublier le Sénat américain ?

Renforcer les liens pour arriver à une alliance

C’est dans son palais de « Sultan » que le président Recep Tayyib Erdogan a reçu l’émir du Qatar, Tamim al-Thani, ce 19 décembre 2014. Au lendemain de la fête nationale l’émir n’était pas en weekend prolongé, mais signait un important accord instituant un Comité Stratégique Suprême entre le Qatar et la Turquie.

Le comité sera chargé de la coopération dans les domaines de la politique, l’économie, le commerce, l’investissement, l’éducation, la culture, la science, la technologie, l’énergie, l’agriculture et les communications. Pour la partie défense un accord particulier a été signé pour montrer l’importance que cela revêt.

La création d’un Comité Stratégique Suprême entre le Qatar et la Turquie le lendemain de la fête nationale à Qatar est bien plus qu’un symbole, c’est une alliance. Le Qatar veut défaire la corde qu’il a été obligé de se mettre autour du cou en signant un accord d’entente avec les autres pays du Golfe.

 

La Turquie et le Qatar se cherchent des alliés

Avec la disparition de l’axe Turquie, Egypte, Qatar et la reprise de l’Arabie saoudite de son leadership, la Turquie et le Qatar sont contraints de chercher de nouvelles alliances pour exister. Il parait inimaginable pour l’instant de pouvoir exercer une quelconque influence, pour ces deux états, sur l’Egypte, le pays musulman le plus important du monde arabe sunnite. Alors on comprend mieux le rapprochement qui s’est opéré il y a quelques jours entre la Turquie et la Russie. Comme le développe dans un article « Les clés du Moyen Orient », « Le 1er décembre 2014 s’est conclue, à Ankara, une série d’accords bilatéraux qui pourrait avoir des conséquences de long terme sur la géopolitique du Moyen-Orient : Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine ont acté de l’abandon du projet de gazoduc russo-européen dit South Stream et de sa substitution par un nouveau pipeline russo-turc. Cette décision ne doit pas seulement être lue, par excès d’européocentrisme, comme une conséquence des récentes sanctions prises par les Etats occidentaux à l’égard de la Russie. Elle vient également sceller un rapprochement de long terme entre deux Etats aux idéologies et aux intérêts convergents. »

 Les amis de mes amis sont mes amis

 Le jeune émir Tamim al-Thani adore les jeux de stratégie, il a l’art de rebondir au moment où son adversaire le croit revenu dans le rang. Si rien ne presse pour se rapprocher de la Russie mal en point, il y a des opportunités dans la vie qu’il ne faut pas manquer. Il est même capable de faire croire aux américains et européens qu’il « travaille » à ramener Poutine à la raison. Certes des divergences existent entre la Russie et l’axe turco – qatari mais rien n’est insoluble même sur la Syrie. Un Poutine acculé est capable de tout pour ses intérêts. Et puisque la Turquie s’est rapprochée de la Russie, on pourrait appliquer l’adage « les amis de mes amis sont mes amis ». Pour l’instant le Qatar déjà dans le collimateur du Sénat américain marche sur des œufs, mais il a montré sa capacité à franchir les paliers un par un comme, il vient de le faire récemment avec la Chine.

 Le vieu roi d’Arabie saoudite n’a jamais cru au « baiser fraternel du Qatar » et il a survécu à tant d’épreuves. Dans cette partie du Monde il a deux pays qu’il fait surveiller particulièrement, l’Iran et la Russie. Alors le jeune émir peut « jouer » avec le feu mais le Seigneur de l’Arabie saoudite peut à tout moment s’il se sent en danger, comme jadis pour les frères musulmans, pratiquer une étreinte « fraternelle » dont on ne se relève pas. Dans sa grande « sagesse » le vieu roi connait un autre adage, « les amis de mes ennemis sont mes ennemis. »