Tribune : « La loi Duplomb, ou le recul masqué de l’écologie »

Alors que le Conseil constitutionnel s’apprête à rendre son verdict, la loi Duplomb cristallise les tensions entre impératifs agricoles et exigences écologiques. Derrière les apparences d’un texte technique se cache une décision politique lourde de conséquences.

Faut-il sacrifier la biodiversité au nom de la productivité ?

Le retour de l’acétamipride, un néonicotinoïde controversé, marque un tournant. Ce pesticide, bien que autorisé dans l’Union européenne, est accusé de nuire aux pollinisateurs, maillons essentiels de notre écosystème. En l’intégrant sans limitation de durée, la loi Duplomb bafoue le principe de non-régression environnementale, pourtant inscrit dans notre droit.

Mais le fond n’est pas le seul problème. La forme interroge. En adoptant le texte via une motion de rejet préalable, le Parlement a évité tout débat sur les amendements. Une démocratie peut-elle se permettre de légiférer sans discussion, surtout sur des sujets aussi cruciaux ?

La mobilisation citoyenne est sans précédent : plus de deux millions de signatures contre cette loi. Ce n’est pas un caprice militant, c’est un cri d’alerte. Les Français ne veulent pas d’un modèle agricole qui tourne le dos à la transition écologique.

Nous ne sommes pas opposés aux agriculteurs. Nous sommes opposés à une vision court-termiste qui les enferme dans une dépendance aux intrants chimiques. L’avenir de l’agriculture est dans l’innovation durable, pas dans le retour aux poisons d’hier.

Le Conseil constitutionnel a une responsabilité historique. En censurant la loi Duplomb, il ne ferait pas obstacle au progrès : il en tracerait les limites éthiques.

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