Bienvenue dans la tribune de Teddy Lemaire gilet jaune

Ce jour, je fais le choix de vous en dire davantage sur ma personne pour vous faire comprendre la raison de mon combat.

C’est la propagande anti- gilets jaunes qui a précipité mon engagement

Âgé de 24 ans, je suis gilet jaune, très actif dans la région Centre, à la Ferté Saint Aubin, là où je vis avec ma femme et ma fille. Aujourd’hui, si je porte mon gilet jaune, il m’aura quand même fallu attendre le samedi 1er décembre 2018 pour y parvenir.

Avant le 17 novembre je n’avais pas connaissance de tous les médias alternatifs aux médias traditionnels et c’est donc au travers de ses derniers que j’ai regardé les quinze à vingt premiers jours de mobilisation. Sachez cependant que ce n’est pas parce que je regardais ces chaînes que j’ai accepté pour autant la soupe qui m’a été proposée, bien au contraire, il m’est très souvent arrivé de râler devant ma télé tant les intervenants avaient des propos ridicules.

C’est justement à cause de cette propagande médiatique anti Gilet jaune que je me suis décidé, le samedi 1er décembre, a me rendre sur les Champs Élysées pour y observer par moi-même ce qui s’y passait vraiment et autant vous dire que je n’ai pas été déçu.

En effet, arrivé en gare d’Austerlitz, j’ai du me rendre à pied sur les Champs Élysées à cause des lignes de métro fermées et comme une bonne partie des gilets jaunes, je n’avais pas les moyens de me déplacer en taxis ou Uber et j’ai pu constater à quel point j’étais dévisagé me promenant seul dans les rues de Paris vêtu de mon gilet jaune.

Au fil des semaines, j’en suis maintenant venu à me dire que je me sens comme un animal en cage lorsque je marche le samedi et que je suis dévisagé par les passants.

Avant d’arriver sur les Champs Élysées, je passe par le boulevard Haussmann, totalement dévasté, les pompiers sont présents pour éteindre les nombreux feux de poubelles et une agence de la banque LCL qui était également en feu. Pendant ce temps on pouvait constater la priorité des forces de l’ordre qui n’étaient pas là pour faire du maintien de l’ordre mais bien pour chasser du Gilet Jaune, parfois violemment.

N’hésitant pas à laisser seuls les pompiers, les forces de l’ordre n’étaient pas dans leur rôle de maintien de l’ordre mais bien dans un rôle de chasseur pour réprimer l’opposant politique. J’ai pu constater à plusieurs reprises des regroupements de manifestants pacifistes, se faire chasser, matraquer, gazer sans aucune raison apparente. Ce n’est pas tout, en m’approchant de la Place de l’Etoile j’ai pu constater des hommes semblables à ce qui pourrait être des casseurs, rejoindre le cordon de CRS en s’équipant de brassard « police ».

Au loin l’Arc de Triomphe (Archives)

Une fois arrivé sur la Place de l’Etoile, il m’était impossible de rejoindre les Champs Élysées malgré les annonces du ministre Castaner qui affirmait que l’on pourrait s’y rendre moyennant un contrôle. J’ai proposé aux forces de l’ordre sur place de me plier au contrôle et ca m’a été refusé.

C’est à mon retour chez moi que j’ai pu repenser à la journée vécue et que j’ai pu raconter autour de moi que la réalité montrée à la télévision était tout autre.

Avant d’être gilet jaune nous sommes des citoyens et nous devons nous ouvrir à l’ensemble des citoyens

Il aura fallu une semaine pour que je me décide à participer à une première assemblée générale des Gilets jaunes à Orléans. Et après avoir écouté plus de deux heures je me suis enfin, timidement, décidé à prendre pour la première fois la parole.

A la suite de cette rencontre et de ces échanges je me suis investi corps et âme dans le mouvement des gilets jaunes,  manifestant tantôt à Orléans, tantôt à Paris, ou encore à Bourges le 12 janvier 2019.

Mon investissement est plus dans la réflexion et l’apport intellectuel que dans les actions de blocages.

En effet, je fais parti de ceux qui pensent que le mouvement est « apartisan» et non pas apolitique, et n’en déplaise à certains, dès lors que l’on endosse le gilet jaune et que l’on porte des revendications on est politisé.

Mon intervention sur Le Média

C’est pourquoi je pense que dès le début nous n’aurions pas dû confondre la politique avec la classe politique car selon moi, ça nous a empêché de nous structurer et de faire ressortir des têtes pour mettre le mouvement sur la voie de la discussion avec tous ceux qui ont des revendications tels que les stylos rouges, les robes noires, les blouses blanches, etc.

Je pense également, contrairement à d’autres, que, seuls, les gilets jaunes ne pourront y arriver !

La force de ce mouvement est d’avoir su mobiliser des citoyens qui ne se sont jamais mobilisés et surtout en grand nombre. C’est pourquoi il aurait fallu, au travers de ce mouvement, s’unir pour apporter un nombre suffisant de militants dans les rues pour faire plier le gouvernement.

Au lieu de ça, nous avons rejeté le système dans sa globalité, empêchant ainsi toute convergence des luttes faisant le jeu du gouvernement qui n’attendait qu’une chose : nous isoler. Je vous laisse faire le constat, 5 mois après, des réponses que nous avons obtenus grâce à cette stratégie.

Je ne suis pas pour le système démocratique actuel, qui en réalité ne fait parti que d’une vaste supercherie. Je milite pour faire comprendre qu’avant d’être gilet jaune nous sommes des citoyens et que nous devons impérativement ouvrir des discussions avec l’ensemble des citoyens car plus nous fédérerons plus il sera facile de faire plier le gouvernement.

Dans la prochaine tribune je tâcherai de vous éclairer sur ma vision de la tournure que le mouvement aurait pu prendre pour faire plier le gouvernement. Évidemment cela reste ma vision qui n’engage que moi et seulement moi.

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Et celui-ci aussi : article N°1 de Teddy Lemaire

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