La problématique indienne au Qatar

Image d'archives avant le Covid-19

Ils sont près de 630 000, soit environ 24 % de la population totale du Qatar, les expatriés indiens, en majorité venant de l’Etat du Kerala (Inde). Ils sont présents dans tous les secteurs de l’économie qatarienne, une force et une fragilité à la fois.

Le Qatar accueille la plus forte communauté indienne du Golfe

Lorsque vous arrivez au Kerala, cet état de l’Inde de l’extrême sud, de 37 millions de personnes et que vous prononcez le mot Qatar, immédiatement les yeux s’éclairent et un sourire apparait sur la bouche de votre interlocuteur. Les habitants de cet état où il pleut 140 jours par an et où les forets couvrent plus d’un quart du territoire, n’ont pas hésité il y a très longtemps à voyager notamment vers la péninsule arabique. Une majorité d’entre eux à fait du Qatar sa destination, ainsi dans ce pays il n’est pas étonnant d’entendre parler « malayalam » la langue principale du Kerala.

Le Qatar accueille la plus forte communauté indienne du Golfe et on peut considérer que la réussite économique qatarienne repose en grande partie sur ces expatriés venus de l’Inde. Ils sont dans tous les secteurs de l’économie publique et privé. Dans le passé ils ont été encore plus nombreux, 35 % de la population totale, alors que tout en étant la première communauté au Qatar ils ne représentent plus que 24 %.

Le rééquilibrage des populations présentes au Qatar est nécessaire

Depuis le 5 juin 2017, début du boycott du Qatar par l’Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis et Egypte, les qatariens observent avec la plus grande attention l’attitude de l’Inde. La position actuelle du gouvernement indien est d’une grande prudence, indiquant que la crise en cours est une crise interne au CCG. Plus d’un millions d’expatriés travaillent dans les pays du Golfe et leurs revenus comptent pour l’Inde et en particulier pour l’état du Kerala. Il n’est donc pas question de prendre parti.

Pour le Qatar, l’importance de cette communauté est à la fois un gage de solidité de l’ossature économique du pays mais aussi une fragilité pour sa dépendance.

Or, ces jours-ci le sujet de la « dépendance » est le sujet numéro un au Qatar. Pour assurer son avenir, le Qatar doit rechercher tout ce qui peut compromettre son futur, en lien avec une dépendance. Il est donc fort probable que dans le futur, le rééquilibrage des populations donc des ressources humaines soit réfléchi autrement. La fin des travaux des infrastructures et ceux liés à la Coupe du monde de football 2022, peuvent être l’occasion de réduire le nombre d’indiens expatriés, en particulier les ouvriers de bas niveaux de qualifications.

L’état du Kerala devrait toutefois tirer son épingle du jeu, car ses citoyens ont un excellent niveau d’éducation et sont présents dans des métiers dont le Qatar aura besoin pour son avenir.

Cette projection des ressources humaines à moyen terme devrait être indiqué aux pays impactés par ses changements de populations afin qu’ils puissent préparer ces retours.