La gestion du Qatar par son émir pose problème

Le Qatar ne se heurte pas seulement à une diminution de ressources, il doit faire face aussi à un changement de mentalité qui va de l’émir au plus humble des qatariens.

Tout édifice repose sur une base solide et fiable

Le plan 2011 – 2016 s’achève et va laisser la place à une nouvelle période de 5 ans (2017 – 2022) pour le Qatar qui pourrait bien être un moment crucial pour ce pays. Le changement de mentalité qui s’impose aux qatariens doit répondre à une équation qui a toute l’apparence d’être simple mais qui pourtant va se révéler dés plus complexe.

L’élément essentiel à nos yeux, observateurs de ce pays depuis 40 mois, est de réussir à rééquilibrer politique étrangère et Qatar de l’intérieur, cela passe par une remise en question des choix trop personnels de l’émir Tamim al Thani qui se font souvent au détriment des qatariens et des autres résidents. Si sous le règne de son père l’émir Hamad, un trio dirigeait le pays, l’émir, Scheikha Moza sa deuxième épouse et le premier ministre HBJ, aujourd’hui le pouvoir est dans les mains uniquement de l’émir. Celui s’est entouré d’un premier ministre fidèle, compétent, mais pourtant sans envergure. Plus grave encore, aucune place n’a été laissé ni à l’une de ses épouses, ni à ses brillantes sœurs Hind ou Mayassa. Depuis son arrivée au pouvoir l’émir Tamim a laissé éteindre la « flamme de l’originalité » qui a fait la force du Qatar de 1995 à 2013. L’image du Qatar au niveau internationale s’estompe et devient confuse.

Le plan qui se dessine pour les prochaines 5 années sera crucial, il devra renforcer la cohésion du pays en rééquilibrant la part du collectif au détriment de l’individuel, en somme finaliser l’état du Qatar et ne pas transformer le pays en un club de millionnaires loin des réalités de la vie. La disparition programmée de la classe moyenne est désastreuse. La problématique du Qatar n’est pas seulement une diminution des ressources mais une gestion du pays d’un homme seul, tout édifice repose sur une base solide et fiable, or l’édifice se fendille de toutes parts et demeure sans cap. Le plus navrant est le fait que l’émir Tamim al Thani a dans plusieurs discours ou expressions parfaitement théorisé ce qu’il fallait faire, mais dans le concret le changement ne vient pas. C’est bien ce manque de réalisme qui est dommageable et qui prouve qu’il manque d’un entourage propice pour porter ces changements vitaux pour le Qatar. Il va falloir passer de « dire » à « faire ».